Dans Le Monde (
ici) Emmanuel Freudenthal mène une
Enquête sur la mine de New Liberty Gold, dans l’ouest du Liberia, qui
promettait prospérité aux habitants. Un projet financé par une filiale
de la Banque mondiale.
La promesse de l'or est celle de l'emploi: une richesse et une reconnaissance pour le propriétaire et rien du tout pour l'employé. Extrait
Siah* calculait : elle avait 500 dollars libériens en poche. Elle en avait déjà dépensé 300 pour son
transport à l’hôpital et devrait
payer la même somme pour
rentrer chez elle. Le médicament pour
soigner
Joseph, son bébé atteint de paludisme, coûtait 1 500 dollars libériens.
Elle n’avait pas assez. Ce jour-là, son plus jeune fils mourut dans ses
bras.
Siah habite à Kinjor, une ville de l’ouest du Liberia, à quelques pas
de la première mine d’or industrielle du pays, New Liberty Gold, qui
compte extraire pour un milliard de dollars du précieux métal.
Pour faire place à la mine, les habitants de Kinjor ont dû abandonner leurs maisons, leurs fermes et les petites mines d’or qui leur fournissaient quelques revenus. En contrepartie, le projet New Liberty Gold était supposé améliorer leur vie, avec des emplois, de nouvelles maisons, une école et une clinique, où le petit Joseph aurait pu être soigné.
En 2014, le projet minier a obtenu un investissement de 19 millions
de dollars (17,57 millions d’euros) de la Société financière
internationale (IFC, filiale de la Banque mondiale spécialisée dans les
prêts au secteur privé) dans le but d’améliorer la vie des Libériens.
Mais les promesses de développement
sont tombées à plat. Pour le moment, ces fonds n’ont bénéficié qu’aux
actionnaires de l’entreprise, lesquels sont dissimulés par de complexes
montages offshore. Parmi les actionnaires historiques, certains ont été
liés à Charles Taylor, seigneur de la guerre devenu président et
condamné en 2012 à cinquante ans de prison pour « crimes de guerre ».