Cette forme de dumping salarial se concentre sur les salaires socialisés et met en péril à terme la viabilité des systèmes de sécurité sociale des pays les plus avancés en la matière. Globalement, en compromettant les salaires socialisés de ces pays, ce sont les salaires en général qui font l'objet d'une guerre à outrance par cette forme de concurrence.
Véronique Fiévet sur le site de la RTBF (ici, en français) nous donne un exemple de cette pratique esclavagiste ... dans le plat pays.
Extraits
Ces derniers mois, deux grands hôtels bruxellois ont choisi de remplacer leurs femmes de chambres habituelles par de jeunes stagiaires espagnols. Cette situation reflète la dérégulation qui s'installe peu à peu dans le secteur hôtelier bruxellois. Ces stagiaires sont engagés par une société de service espagnole qui travaille en sous-traitance pour ces hôtels. Heureux de s’échapper du marasme économique espagnol, ces jeunes déchantent pourtant en arrivant à Bruxelles.
Pour comprendre les raisons de leur départ, il suffit de regarder le journal télévisé. L'Espagne va mal, un travailleur sur trois ne gagne pas plus de 750 euros par mois. Et pour les jeunes, les opportunités d'emploi sont rares. Alors Gabriel et Pedro ont choisi de partir. Avant de prendre l'avion pour Bruxelles, ils ont signé un contrat leur garantissant un stage rémunéré de 3 ans et une formation en prime. Leur salaire annoncé s'élève à 1200 euros mensuel...
5 mois plus tard, ils se voient plutôt comme des victimes d'une nouvelle forme d'esclavage. Chaque jour, ils doivent nettoyer au moins 14 chambres d'hôtel, souvent beaucoup plus. Pas de vêtements de travail, pas de formation, des journées harassantes avec des horaires imprévisibles.
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Cette situation illustre le phénomène bien connu du détachement de personnel. Le salarié est rémunéré au tarif minimum du pays d’accueil mais la couverture sociale est celle du pays d'origine. Récemment, le service du contrôle des lois sociales, au sein du SPF Emploi, s'est penché sur le dossier de ces stagiaires espagnols. Il s'étonne de découvrir que leur employeur espagnol aurait perçu des subsides européens pour favoriser la mise à l'emploi de ces jeunes.
En attendant de faire toute la lumière sur cette affaire, ce service dénonce la précarisation croissante de pans entiers du marché du travail. On connaissait le détachement de travailleurs dans le secteur de la construction, mais désormais, le phénomène a gagné l'horeca ou le nettoyage.