7 nov. 2014

Samsung - bilan de compétences

Basta résume le palmarès de Samsung en matière de violation des droits du travail et des droits humains. Les discours éthique de la compagnie sud-coréenne n'ont pas suffit à convaincre les limiers du journal indépendant. Nous non plus, d'ailleurs, nous n'avons pas été convaincus.

Extrait de l'article en ligne ici

Les premières révélations sur la présence d’enfants de moins de 16 ans dans des usines chinoises de Samsung datent de 2012. La marque coréenne s’est alors empressée de minimiser ou dénier la réalité des faits, qui sont en contradiction totale avec ses engagements éthiques. Dans son rapport sur sa politique de « développement durable » de 2014, modestement intitulé « Harmonie globale », le conglomérat coréen affirme avoir fait procéder depuis à des vérifications dans les usines de ses fournisseurs chinois, et n’y avoir trouvé aucun cas problématique. Problème réglé ?
Hélas pour Samsung, des nouvelles enquêtes dans ces mêmes usines menées en juillet et août 2014 ont à nouveau découvert, assez facilement, des enfants sur les chaînes de production. « Après avoir prétendument inspecté des centaines de fournisseurs chinois, Samsung a déclaré ne pas avoir trouvé un seul enfant au travail. Et pourtant dans une seule usine fournissant Samsung, nous avons identifié plusieurs enfants employés sans contrats de travail, travaillant 11 heures par jours et payés pour seulement 10 heures », dénonce l’ONG China Labor Watch, qui a mené ces enquêtes [2].

Le travail des enfants, partie émergée de l’iceberg

Le travail des enfants ne constitue que la forme la plus extrême et la plus frappante de la situation d’exploitation généralisée qui règne dans les usines de l’industrie électronique. Les grandes marques comme Apple, Samsung et Nokia (Microsoft) font fabriquer leurs appareils par des sous-traitants peu connus du grand public. Ceux-ci exploitent des usines notamment en Chine, mais aussi dans le reste de l’Asie, voire en Amérique latine (voir le dossier Industries électroniques de l’Observatoire des multinationales). Les ONG comme China Labor Watch envoient régulièrement des enquêteurs dans ces usines pour dénoncer les atteintes systématiques aux droits des travailleurs et travailleuses qui y sévissent : faiblesse des salaires, horaires à rallonge, problèmes de santé et de sécurité au travail, absence de contrats, management autoritaire... Le cas des sous-traitants d’Apple – Foxconn, Jabil Circuit et, plus récemment, NXP – a particulièrement défrayé la chronique ces dernières années, mais aucune marque n’est épargnée par ces problèmes.
Confrontée à des allégations d’atteintes sérieuses aux droits des travailleurs dans les usines chinoises, Samsung se contente de recourir à un système d’audits sociaux de ses fournisseurs. Mais l’inefficacité de tels audits semblent désormais avérée – particulièrement dès lors que les donneurs d’ordre, c’est-à-dire les grandes marques, ne changent fondamentalement rien à leurs propres pratiques commerciales. Samsung a été classée comme l’une des marques les moins éthiques du monde par l’organisation anglaise Ethical Consumer, et est réputée pour sa culture antisyndicale. Ce qui ne l’empêche en rien de continuer à communiquer allégrement sur sa « responsabilité sociale ». Comme le notent les ONG françaises Peuples Solidaires et Sherpa, « Samsung consacre des moyens énormes à sa publicité mais derrière ses déclarations, ne fait pas grand chose pour améliorer concrètement la situation des ouvriers et ouvrières chinoises ».