30 nov. 2014

Emplois sans salaire

Lu sur le site de la RTBF (ici, en français)

Sur un total de 16,68 millions de salariés, 34% ont touché l'équivalent du salaire minimum qui est de 645 euros mensuel, payé sur 14 mois, soit 9.030 euros par an, révèlent ces chiffres publiés jeudi sur son site web. Dans le cas de 3,6 millions d'entre eux, le salaire mensuel n'a pas dépassé 322,5 euros.
La proportion de salariés vivant du salaire minimum a augmenté avec la crise économique puisqu'en 2007, elle n'était que de 30%. Les femmes, les jeunes et les étrangers sont particulièrement touchés par ce phénomène. L'an dernier, 2,92 millions de femmes étaient payées au salaire minimum ou moins, contre 2,84 millions d'hommes, selon l'agence fiscale espagnole. 75% des jeunes âgés de 18 à 25 ans touchent le salaire minimum ou moins. La proportion est 59% parmi les salariés étrangers. Avant même la grave crise qui a éclaté en Espagne en 2008 existait la génération des "mileuristas", des salariés trentenaires bardés de diplômes mais ne gagnant pas plus de 1000 euros par mois. Avec l'explosion du nombre de chômeurs, un certain nombre d'entre eux sont allés chercher fortune dans d'autres pays européens, comme la France et l'Allemagne, ou en Amérique latine. Si le taux de chômage est particulièrement élevé chez les jeunes, à 55,06% en 2013, ils ne sont pas les seuls à en souffrir puisque le taux de chômage total est passé de 8,57% en 2007 à 25,73% l'an dernier. Le gouvernement conservateur espagnol espère le voir redescendre à 24,2% à la fin de cette année et à 22,2% fin 2015.
Précisons que

- la guerre au salaire provoque la crise (ce qui augmente le chômage)

- l'Espagne devenue plus "compétitive" que ses concurrents, cela va les obliger à devenir aussi plus "compétitifs", c'est-à-dire à baisser les salaires. L'Espagne devra ensuite encore baisser ses salaires puis ses concurrents devront faire de même, etc. C'est le principe de la table de Quick et Flupke. Au départ, la table a un pied plus long que les trois autres. Les garnements coupent donc les trois pieds pour avoir une table stable. Mais ils les coupent un peu trop. Ils doivent donc recouper le quatrième pied ... qu'ils recoupent trop court, ce qui les amènent à couper les trois autres pieds, etc.

À la fin, il reste une planche ou, pour filer la métaphore, un continent entier ramené à l'aube de la révolution industrielle, à des journées de dix heures, à des enfants qui travaillent (le dimanche aussi, sans doute au nom du "droit" au travail) et des syndicats qui défendent une infime minorité de travailleurs.