18 août 2014

Usines récupérées - 2. Vio.Me

Nous continuons le petit tour d'Europe des usines récupérées par la Grèce. Diagonal (ici, en espagnol) nous emmène chez Vio.Me.

Traduction et résumé.

 À Salonique, dans le nord industriel de la Grèce, une histoire se déroule depuis bientôt deux ans. Elle est devenue une référence obligée dans toute l'Europe. C'est l'histoire d'une usine abandonnée par ses propriétaires, ensuite oubliée par l'État et le gouvernement, ignorée du syndicalisme bureaucratique. Dans cette usine, comme dans de nombreuses autres en Grèce et dans le sud de l'Europe, les travailleurs ont été licenciés quand l'entreprise a fait faillite. En 2011, les travailleurs de Vio.Me réunis en assemblée générale ont décidé de prendre l'usine et de la gérer eux-mêmes. Ils se sont inspirés, une fois de plus, des entreprises récupérées en Argentine [voir ici]. "Grâce à la solidarité, nous avons pu récupérer ce qui est à nous, la dignité de nos famille et continuer avec passion et force notre lutte", dit Makis, l'un des travailleurs de Vio.Me. Comme dans le cas argentin, la récupération de l'usine de matériaux de construction aurait été impossible sans le réseau de solidarité de citoyens et de mouvements sociaux. Les travailleurs de cette usine affirment qu'il est nécessaire de réfléchir à la production en lien avec les nécessités sociales. En premier lieu, en lien avec les besoins des travailleurs, non seulement économiques mais aussi en réfléchissant à la soutenabilité du rythme de travail, à la sécurité ou aux relations sociales entre eux. La production doit être conçue en lien avec les besoins de la communauté, des groupes de soutien de l'usine, des voisins. Et aussi de l'environnement: il y a plus d'un an, Vio.Me a lancé la production de détergents écologiques. Les travailleurs affirment que l'usine récupérée est un patrimoine commun qui n'appartient ni à un patron ni aux ouvriers, mais qui est une "partie d'une lutte plus large".

Le processus d'autogestion s'incarne dans des pratiques quotidiennes de démocratie directe fondées sur la participation de l'ensemble des coopérateurs aux prises de décisions. "Chaque jours, nous nous rencontrons dans l'usine et nous décidons en assemblée pendant la première heure de travail de nos activités citoyennes du jour" nous explique Dimitris, un autre travailleur de Vio.Me, " et, une fois par mois, nous nous réunissons en assemblée générale des coopérateurs pour traiter de la gestion, de la production et des questions politiques ensemble". Ils commencent à travailler à sept heures du matin et terminent à quinze heures. "Nous sommes habitués à travailler pour d'autres. Maintenant, nous le faisons pour nous." dit Alexandros, un autre travailleur de Vio.Me.