31 oct. 2017

Des bonbons sanglants

Reporterre nous fait part d'un reportage de la télévision publique allemande ARD. Dans les bonbons Haribo, on retrouve une certaine amertume, celle de l'esclavagisme en emploi et celle de l'exploitation des animaux.

Extrait de l'article disponible en ligne ici
« Haribo, c’est beau la vie »… enfin cela dépend pour qui. Le slogan du célèbre confiseur allemand ne vaut pas forcément pour ceux qui fabriquent les ingrédients des Dragibus, fraises Tagada, Ours d’or et autres Chamallows. Un documentaire de la chaîne de télévision publique allemande ARD, Der Haribo-Check, révèle que Haribo s’approvisionne auprès d’entreprises peu scrupuleuses en matière de droits de l’homme et de bien-être animal.
Les journalistes lèvent notamment le voile sur les conditions « épouvantables » dans lesquelles travaillent les ouvriers des fabriques de cire de carnauba, un ingrédient essentiel qui donne aux bonbons leur aspect lisse et brillant.

Sans vêtements de protection malgré la poussière, sans sanitaires ni eau potable à disposition, les employés de ces immenses fermes du nord-est du Brésil sont contraints par leurs employeurs à dormir sur leur lieu de travail, à même le sol ou dans des camions. Souvent rémunérés au noir, ils ne perçoivent pas de revenu fixe mais uniquement proportionnel au travail abattu. Les journalistes de l’ARD ont même rencontré sur place des mineurs âgés d’une quinzaine d’années, assignés au battage des feuilles de palmier dont est extraite la cire de carnauba.

« Nous n’avons pas connaissance d’entorses à nos règles » 

Ces abus sont loin d’être secrets. Le ministère du Travail brésilien les qualifie officiellement « d’esclavage » et a engagé une lutte contre les propriétaires de ces exploitations, dans l’une des régions les plus pauvres du pays. Pourtant, Haribo a assuré aux journalistes de l’ARD découvrir les conditions de travail de ses fournisseurs. « Nous n’avons pas connaissance d’entorses à nos règles, a répondu son service de communication. Nous vous remercions de ces informations et allons engager un suivi proactif de ce thème auprès de nos fournisseurs. »

La cire de carnauba n’est pas le seul ingrédient qui pose problème. La gélatine de porc, qui donne une texture de gomme aux confiseries Haribo, est elle aussi produite dans des conditions « effrayantes », cette fois pour les animaux. Les auteurs du documentaire ont remonté la chaîne d’approvisionnement jusqu’à des élevages porcins de la coopérative Westfleisch, dans le nord-ouest de l’Allemagne. Des militants de l’association de protection animale Tierretter ont réussi à s’introduire dans certaines d’entre elles. Les images qu’ils y ont tournées sont accablantes et témoigneraient même d’infractions à la loi.

« Les animaux vivent en permanence dans leurs propres excréments », raconte Christian Adam, l’un des militants. Le taux d’ammoniac dans l’air est si élevé qu’il provoque des inflammations aux yeux de nombreux porcs. Les animaux malades ou mourants sont laissés dans les boxes avec les animaux sains. L’accès à l’eau a parfois même été coupé.