28 mars 2017

Des esclaves sous-traités

En Belgique, dans la région de Charleroi, des syndicats ont découvert des travailleurs sous-traitants des pays de l'Est soumis à des conditions indignes. Rappelons que le recours aux travailleurs détachés et à la sous-traitance sabre les salaires dans les pays de l'Ouest et légalise des reculs sociaux de plus d'un siècle.

Extrait du reportage de la RTBF en ligne ici:

Des chauffeurs de nationalité roumaine et polonaise logés dans des conditions effroyables. C'est la mauvaise surprise qui est tombée sur la tête des syndicats de Yusen Logistics à Courcelles ce dimanche. D'habitude les travailleurs de Yusen Logistics travaillent presque tous sur le site de Caterpillar. Mais vu le climat tendu dans leur propre procédure Renault (Caterpillar est le principal client de Yusen Logistics), les travailleurs ont organisé une surveillance de leur site de Courcelles.
Ce dimanche ils sont tombés sur une quinzaine de personnes qui manipulaient les camions. Des travailleurs venus des pays de l'Est occupés à charger et qui s'apprêtaient à prendre la route. Les syndicats ont découvert aussi les conditions de vie des ces chauffeurs. A l'arrière de la cour où stationne les camions et le matériel, quelqu'un a installé il y a longtemps déjà, une cabine de chantier en mauvais état.

La description des lieux laisse sans voix. Des fauteuils moisis et troués sont installés devant une vieille télévision. Une casserole chauffe sur une cuisinière au gaz vétuste et trois chauffages électriques sont branchés sur des rallonges rafistolées au papier collant.
Dans le coin, un matelas qui n'invite pas au repos semble être le seul lit pour ces chauffeurs. Combien sont-ils ? Difficile à dire. Les échanges se nouent entre eux et les syndicalistes. Les uns ne parlant pas français et les autres ne parlant pas le roumain ou le polonais. Ils étaient apparemment 10 aujourd'hui. Trop nombreux pour ce logement par ailleurs insalubre.

Francisco Mateo, délégué CSC chez Yusen Logistics, s'emporte quand il explique la situation. "C'est de l'esclavage moderne. Et en plus, ils déchargent et chargent les camions eux mêmes. On ne sait pas s'ils ont le permis ou des papiers pour tout ça et ça veut dire qu'ils travaillent des heures incroyable. Ce sont des dangers ambulants sur nos autoroutes." Des agents de police sont venus constater la situation. Ils ont pris des photos avant de repartir.
La direction de Yusen Logistics est aux abonnés absents. Seul un représentant de la hiérarchie nous dit assumer la situation et assure que le logement est tout à fait acceptable.
Les travailleurs de Yusen Logistics sont en grève pour 24h. Ils espèrent pouvoir relancer le dialogue avec la direction et avancer dans leur procédure Renault.