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6 déc. 2014
Un compte pénibilité pénible
Chronique du journalisme de laquai, par des employés, pour des employeurs.
Le journaliste quelconque de France 2 (service public) veut bazarder le
droit du travail pour favoriser ... l'emploi. J'imagine que son compte
pénibilité est assez léger.
Extrait de l'article de Samuel Gontier sur Télérama (ici)
La France est au bord de la guerre civile. « Crise
ouverte entre le gouvernement et le Medef », « des attaques chaque jour
plus virulentes », « démonstration de force et d’unité contre la
politique économique du gouvernement »… Soir après soir, le 20 heures
de France 2 fait état d’un nouveau seuil franchi dans l’escalade de la
violence. Aux provocations de l’exécutif répond la détermination de
simples patrons qui, choqués par l’impunité dont jouissent les
responsables de la répression, se convertissent à l’action militante
pour transformer leurs entreprises en autant de ZAD (zones à défendre). « Le mot est fort : “échec”, constate David Pujadas mardi.
Emmanuel Macron parle d’échec de la mise en œuvre du fameux pacte de
responsabilité, un échec qu’il attribue à l’organisation patronale. » En échange des 41 milliards d’euros d’allègements de charges, rappelle le sujet de France 2, « le Medef promettait de créer de nombreux emplois ». Ils avaient même fait fabriquer un pin’s arborant leur engagement : « Un million d’emplois ». Mais
c’était dans le cas d’une baisse des charges de 100 milliards d’euros –
avec 41 milliards, on est loin du compte – accompagnée de la
suppression des seuils sociaux, de l’abolition des 35 heures, de
l’indexation du Smic sur l’évolution du coût de la vie à
Ho-Chi-Minh-Ville, de l’autodafé du Code du Travail et du rétablissement du servage.
Pour France 2, la persécution dont sont victimes les patrons est le résultat de « l’impatience manifeste » de gouvernants qui ont totalement perdu le sens des réalités, comme le rappelle un économiste, Eric Heyer : « Le
pacte ne peut pas avoir d’effet immédiat, il y a forcément un temps de
retard entre le moment où on distribue du revenu et le moment où il y a
des répercussions sur l’économie. » La journaliste confirme : « Beaucoup
d’entreprises attendent d’avoir touché l’intégralité des baisses de
charges pour embaucher, c’est-à-dire pas avant 2017. » Cet effet retard rend urgente l’adoption de nouvelles baisses de charges pour garantir les embauches de 2019. Mercredi, à Lyon, nouvel affrontement meurtrier, « le gouvernement sifflé par les patrons ». Bernard
Cazeneuve envisage d’autoriser à nouveau le recours aux grenades
offensives contre les activistes du Medef qui cherchent ouvertement
l’affrontement avec le gouvernement, tel Pierre Gattaz – « Il y a des dispositifs qui vont détruire de l’emploi. » Mais la mise en place du compte pénibilité « divise au sein même du gouvernement ». A l’image, les photos du ministre de l’Economie et de la ministre des Affaires sociales sont zébrées d’un éloquent éclair. « Face à la colère du Medef, Emmanuel Macron propose de lâcher du lest. »
Le ministre de l’Economie abandonne le discours anticapitaliste qu’il
tenait la veille encore, effrayé par la perspective d’une France
couverte de barricades. Car un sondage de BFM Business a révélé que « plus
de six Français sur dix (64 %) pensent que les patrons “ont raison” de
se mobiliser pour manifester “contre la politique du gouvernement” »,
« ils sont aussi 77 % à être plutôt favorables à un allègement de la
fiscalité des entreprises », « les Français soutiennent une par une
toutes les revendications les plus importantes du Medef », « plus de six
Françaix sur dix approuvent la demande du Medef de réformer la loi dite
“pénibilité” (64 %). »
Pour illustrer la pénibilité du compte pénibilité, France 2 a interrogé les patrons réunis à Lyon. « Tous sont vent debout contre cette loi. » Un zadiste du Medef explique :
« Un salarié qui va monter sur une échelle, qui va ouvrir un pot de
peinture, qui va porter un sac lourd devra être traqué heure par heure
par le chef d'entreprise. C’est aussi grave que les 35 heures. » David Pujadas réapparaît. « En quoi consiste ce compte pénibilité ? Pourquoi les patrons le jugent-ils inapplicable ? » Un nouveau reportage donne la parole à un nouveau patron accablé par « un énorme travail administratif qui va l’obliger à embaucher ». Le pauvre chef d'entreprise fait défiler un mystérieux et terrifiant document sur un écran d’ordinateur. « Vous vous y perdez, c’est ça ? », demande
le reporter. Oui, il s’y perd. Et il y perd, comme en témoigne l’étude
d’un institut statistique dont l’indépendance n’est plus à prouver : « Selon la Fédération de la métallurgie, le compte pénibilité coûtera aux entreprises 500 euros par an et par salarié. » Qu’il faudra compenser par de nouvelles baisses de charge, lesquelles ne permettront pas d’embaucher avant 2021.