9 déc. 2014

900 morts pour la terre

In memoriam et en hommage à toutes celles, à tous ceux qui ne se résignent pas

Elisabeth Sneiter résume l'enquête de Global Witness dans Reporterre (ici, en français et en libre accès). Le rapport fait le tour du monde et compte 900 morts. Mais il en manque un dans ce rapport: Rémi Fraisse a bel et bien été tué en France parce qu'il défendait la nature contre la gestion techno-capitaliste.

Le rapport examine les massacres connus de défenseurs des droits environnementaux et territoriaux. Il montre une nette augmentation de ces morts violentes à partir de 2002 parallèlement à l’intensification de la concurrence pour les ressources naturelles.

- Evolution du nombre d’assassinats de défenseurs de l’environnement -

Le rapport souligne également la grave pénurie d’information et de suivi de ce problème, ce qui signifie que le total est probablement beaucoup plus élevé que les chiffres disponibles.
Les conflits sur l’exploitation forestière industrielle, l’exploitation minière et les droits fonciers sont les principaux motifs des meurtres, et les zones les plus dangereuses sont l’Amérique latine, et la zone Asie Pacifique, zones sur lesquelles se concentre l’étude.
Aucune information semble-t-il sur la Chine ou la Russie.
« Nous voyons encore et encore de petites élites puissantes vendre la terre, les forêts et les autres ressources, qui appartiennent au pays dans son ensemble, et en particulier à ceux qui y vivent, dans des transactions secrètes avec les grandes entreprises, » dit Oliver Courtney, chargé de campagne pour Global Witness à Londres.
Au Brésil, les principaux défenseurs de la forêt tropicale José Cláudio Ribeiro da Silva et son épouse, Maria do Espírito Santo, auraient été abattus en Amazonie brésilienne en 2011, après des années de campagne contre l’abattage illégal et les expulsions forcées.
Le Brésil est le pays le plus meurtrier au monde pour les communautés de défense des ressources naturelles, avec 448 décès entre 2002 et 2013, suivi par 109 au Honduras et 58 au Pérou. En Asie, les Philippines sont le pays plus meurtrier avec 67, suivi par la Thaïlande à 16. Plus de 80 % des décès enregistrés étaient en Amérique latine et centrale.
Isolete Wichinieski, coordinateur national du groupe brésilien Commisão Pastoral da Terra, a déclaré : « Ce qui nourrit la violence, c’est l’impunité. » En douze ans, il n’y a eu que dix condamnations pour homicide au Brésil. Les conflits les plus violents ont lieu dans des zones nouvellement déboisées où les communautés sont d’abord confrontées à des bûcherons illégaux, suivis de près par les éleveurs de bétail et les cultivateurs de soja.
Au Honduras, le deuxième pays le plus dangereux, 93 paysans de la région fertile Bajo Aguán ont été assassinés depuis 2010 dans des conflits pour les terres avec l’agro-industrie qui élargit ses plantations de palmiers à huile.
En Asie, l’activiste thaïlandais Prajob Naowa-opas, qui a lutté pour sauver sa communauté située au centre de la Thaïlande contre le déversement illégal de déchets toxiques, a été tué par un tireur en plein jour en février dernier.
« Le meurtre de sang-froid de Prajob est un exemple de plus de l’échec fondamental des autorités thaïlandaises à protéger les militants qui risquent leur vie en défendant leurs communautés », avait déclaré Brad Adams, directeur pour l’Asie de Human Rights Watch, à l’époque.
Dans l’ensemble, le rapport montre qu’il est plus important que jamais de protéger l’environnement, et il invite les gouvernements nationaux et la communauté internationale à agir d’urgence pour protéger la nature et les citoyens qui la défendent.