6 nov. 2014

Une grève qui roule

Le Courrier International nous informe que l'Allemagne connaît sa plus longue grève, sa grève la plus dure depuis longtemps. Ce sont les conducteurs de chemin de fer.

Nous rappelons que la grève est légale, que c'est un choix coûteux, solidaire, engagé et courageux de la part des grévistes puisqu'ils renoncent pour un temps à leur rémunération en dépit de l'aiguillon de la nécessité.

C'est une grève pour le salaire - là-bas aussi. Il ne nous reste qu'à souhaiter qu'elle s'étende à l'ensemble des travailleurs (dans l'emploi et hors emploi) pour défendre et étendre le modèle bismarkien, la socialisation des salaires, qui a si bien fonctionné outre-Rhin jusqu'aux mesures Schröder de triste mémoire. Comme en France actuellement, c'était un élu de gauche qui menait une politique de guerre au salaire favorable aux propriétaires lucratifs,
aux profits.

Extrait de l'article disponible ici (on vous épargne les passages sur les pauvres usagers soudain étrangers aux travailleurs).
C’est la plus longue grève dans l’histoire des chemins de fer allemands qui vient de commencer. Le 5 novembre, après l’échec des négociations salariales entre les syndicats des conducteurs de train et la direction de la Deutsche Bahn, les cheminots du fret ont arrêté le service. Ce jeudi, c’est le transport des passagers qui est également concerné. L’arrêt de travail durera jusqu’au lundi 9 novembre – 100 heures en tout –, et deux trains sur trois ne quitteront pas leur gare. Du jamais vu outre-Rhin.

Résultat : "Les gares sont vides. Les rues d’autant plus encombrées. Et maintenant, nous risquons de manquer d’essence", rapporte le Handelsblatt. Le premier quotidien économique du pays (Düsseldorf) est allé en reportage dans sa région, une des plus densément peuplées du pays, et constate : "Les bus, les agences de location et les taxis sont les gagnants de cette grève. [Mais] sans les trains, les durées de trajet ont doublé ce 6 novembre." Le quotidien, comme la grande majorité de la presse, dénonce une prise d'otages inédite dans un pays fier de son dialogue social policé.
 (...)

Entre-temps, la direction de la Deutsche Bahn, elle, tente de combattre la grève devant la justice, et de l’arrêter en référé dans l’après-midi de ce 6 novembre. Mais, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, dans le passé, elle n’a jamais réussi à imposer cette mesure.

A Berlin, ville censée accueillir des milliers de visiteurs ce week-end pour commémorer les vingt-cinq ans de la chute du Mur, le Tagesspiegel se demande comment résoudre le conflit. Ce dernier porte sur une revendication de hausse de salaires et de réduction du temps de travail. Mais il s'agit surtout d'un conflit sur la représentativité du syndicat, qui veut négocier avec la direction au nom d'autres catégories du personnel. La Deutsche Bahn refuse.