25 sept. 2014

Les barons de Wall Street vont à la campagne

Jim Hightower nous emmène dans les champs de patates sur Alternet (ici, en anglais). Selon la vulgate ultra-libérale des thuriféraires d'Ayn Rand, les créateurs de richesse, ce sont ... les investisseurs (et non les paysans)! Étonnant, non?

Extrait et traduction

Ce sont des groupes comme American Farmland et Farmland Partners. Ce ne sont pas des paysans crottés en chandail mais du linge de Wall Street en costume Armani et mocassins Gucci. Le dernier placement tendance pour les fonds d'investissement à haut rendement et pour les spéculateurs de capitaux à risque, c'est l'agriculture. Non que ces gars soient des "gentlemen farmers", qu'ils sèment et plantent. Non, non, ce sont des gens à la paume douce qui achète des terres agricoles avec les milliards de riches investisseurs et qui labourent les lois fiscales et battent les agriculteurs qui cultivent vraiment.

Par exemple, American Farmland Company - qui possède seize fermes - est une moissonneuse-batteuse du plus grand empire immobilier à New-York et de deux barons du sucre en Floride, une gestion de patrimoine et la firme de courtage d'un géant de l'assurance, Prudential. Aucun de ces nouveaux rois du gazon a le moindre grain de poussière sous les ongles mais ils ont trouvé comment travailler la terre sans la toucher et en récolter un bon profit. Le fondateur de cette combine déclare: "C'est comme l'or mais c'est mieux parce qu'il y a des rentrées."

Du liquide? Oui, les paysans doivent acquitter des loyers pour utiliser les terres de Wall Street. Les financiers touchent donc une prime du moindre profit des récoltes des paysans. La combine est montée comme un fonds d'investissement immobilier, ce qui permet d'éluder énormément d'impôts aux extracteurs de Wall Street. Et, bien sûr, il y a les élites hyper-payées qui récoltent quand ils convertissent leur combine en titres à vendre sur les marchés boursiers.

Les quelques riches deviennent plus riches, les fermiers deviennent des métayers et les fermes se transforment en récoltes à haut profits qui nécessitent des doses lourdes de pesticides et épuisent les ressources hydriques. Quelle affaire!

Le point de l'affaire, c'est que les millionnaires qui investissent dans des fonds spéculatifs ont généralement la sensibilité éthique et esthétique de mottes de terre. Ils se fichent de savoir si les gestionnaires de fonds mettent leur argent dans des dérivés toxiques ou dans des peaux de mouffettes, tant que l'investissement offre un retour bien gras. Mais, depuis que le crash de Wall Street de 2008 a révélé que nombreuses étaient les combines de cet acabit qui n'étaient basées que sur des toiles d'araignée financières et de la poussière de fée, certaines mottes ont commencé à chercher des fonds spéculatifs qui mettent leur argent dans quelque chose de plus concret, de plus terrien. C'est comme cela que Wall Street a redécouvert la saleté. Plus exactement le terroir.

Des gestionnaires d'argent tels que BlackRock (le plus grands gestionnaire d'actifs au monde) et le gestionnaire d'argent de multi-milliardaires George Soros offrent maintenant des grands morceaux du cœur de l'Amérique comme actifs que de lointains habitants extrêmement riches de penthouse peuvent posséder, dont ils peuvent tirer de méga profits. En conséquence, des professeurs d'agronomie témoignent dans leur conférences sur l'économie de la terre dans la ceinture agricole - qui sont normalement peuplée de fermiers et de locataires agricoles - sont maintenant dominées par un public de spéculateurs de Wall Street. De plus, on organise des séminaires sur l'investissement dans les terres agricoles américaines dans des centres financiers tels que Dubaï ou Singapour.


Mais cette course à la terre de Wall Street est aussi fragile que celle de la fièvre des produits dérivés de la dette puisqu'elle ne s'appuie pas sur des réalités économiques. Alors que le prix des cultures atteint des sommets aujourd'hui, les archives historiques attestent qu'ils vont s'effondrer douloureusement demain en détruisant les rentrées de trésorerie qui font tourner les fonds spéculatifs autour de la terre. Alors, bien sûr, les millionnaires vont se précipiter pour se débarrasser de leur salopette. Mais qui se présentera pour acheter la terre? Certainement pas les vrais fermiers qui ne peuvent se payer les prix gonflés par Wall Street. Et particulièrement pas les jeunes qui veulent se lancer dans l'agriculture et peinent à trouver de la terre accessible. Les États-Unis ont désespérément besoin de cette génération à venir de producteurs de nourriture mais [ils] laiss[ent] littéralement les spéculateurs de Wall Street dresser un mur devant la terre dont [ces jeunes] ont besoin.

Si vous le souhaitez, contactez (en anglais) la National Young Farmers Coalition.