25 sept. 2014

Emploi, chômage et guerre aux salaires et au travail

Un instantané du Courrier des Balkans (ici, en français) sur le Nord de la Grèce.
On y apprend que le chômage est massif, que les usines ferment, que le travail au noir se développe, que les usines réouvrent mais en embauchant les travailleurs dans des conditions hallucinantes.

L'austérité est l'un des noms de la guerre contre les salaires. En voici un prénom - extrait.

Le chômage réel dépasse les 50 % dans de nombreux départements. Or, ceux qui ont encore un peu d’argent vont s’approvisionner en nourriture, légumes, carburant, produits de première nécessité, et même médicaments sur les marchés beaucoup moins chers de Macédoine et Bulgarie. Résultat : le peu de consommation qui se fait profite aux pays voisins, ce qui augmente le nombre de fermetures de PME, pharmacies et stations-essence.
Une partie de cet argent se perd aussi dans les casinos de Macédoine, où des travailleurs sous-employés et mal-payés place leurs espoirs. Ils ne figurent pas sur les listes officielles des chômeurs, car ils travaillent 3 à 4 heures par semaine, ou parce qu’ils sont agriculteurs, éleveurs, travailleurs saisonniers ou employés, alors qu’ils n’ont pas touché le moindre salaire depuis un an.
La demande de travail est plus importante que l’offre, l’industrie est détruite, tandis que le travail au noir et précaire se renforce. Exemple : la fermeture de quatre des cinq fabriques de sucre en Grèce du Nord. Les producteurs de betteraves n’ont pas assez d’argent pour acheminer leurs produits vers les usines, la production stagne et le pays doit importer son sucre de France, détruisant des centaines d’emplois en Grèce du Nord.
La Grèce du Nord tend à devenir une région de vieux. Les jeunes partent à l’étranger chercher du travail et un avenir meilleur. Selon les estimations, le chômage dépasserait les 50 % à Drama, Yannitsa et Kilkis, 43 % à Serres, 40 % à Evro, 33 % à Thessalonique et 35◊% à Florina. La Chalcidique s’en tire mieux, avec 20 % de chômage. Mais cela s’explique par les 1 200 embauches dans l’exploitation contestée de gisements d’or et du fait du tourisme, secteur qui connaît de gros problèmes de travail précaire dans les tavernes, les restaurants et les petites entreprises. Dans les hôtels, des étudiants des écoles de tourisme travaillent avec le statut de stagiaires.
Et la tendance ne risque pas de s’inverser. À Yannitsa, on s’attend à ce que le taux de chômage passe de 50 à 60 % avec la fermeture fin septembre des entreprises de conditionnement de fruits. À Kastoria, 40 % de chômage, la crise en Ukraine a des répercussions sur l’industrie de la fourrure qui s’effondre, tandis que l’embargo de la Russie sur les pêches n’a pas touché que ce secteur mais aussi les fabriques de compotes à Véria et Naoussa.
Le travail précaire se développe : à Kilkis, une grosse usine laitière embauche à la condition de ne payer un acompte qu’à partir du 4e mois de travail. Un certain nombre de personnes fréquentent les casinos macédoniens où ils peuvent manger pour pas cher et dont l’entrée est gratuite. À Florina, le chômage des jeunes s’élève à 65 %. Les projets de privatisation de l’électricité ne vont pas arranger les choses : alors que des mines à Klidi et Veni pourraient absorber de la main-d’oeuvre, le gouvernement ne les ouvre pas et préfère vendre l’électricité au privé. À Rodope, seules 10 entreprises sur 99 ont survécu et 700 emplois maintenus sur les 17 000 pré-existants. Et encore, certains n’ont pas été payés de 3 à 4 mois...