1 août 2014

Les patrons contre le repos

Un excellent article d'Antoine Leaument sur le Grand Soir (ici, en français) met en perspective les luttes patronales victorieuses de ces dernières années. Fiscalisation du salaire, baisse des cotisations (et des prestations) sociales, "assouplissement" du droit du travail ou harcèlement des chômeurs.

Leur prochaine bagarre: le repos dominical, les horaires, le repos du soir ou les vacances. Les médias préparent déjà le terrain.

Extrait

Dans ce contexte, on comprend que le grand patronat soit gourmand : à chaque fois qu’il demande, il obtient ! C’est comme jouer au loto en sachant déjà qu’on va gagner… pourquoi se priver ? Pourquoi s’arrêter tant qu’il n’y a pas de résistance en face ? La lutte des classes, le grand patronat sait très bien qu’elle existe et, comme il a face à lui un pouvoir politique qui croit qu’en faisant des risettes au Medef on fait baisser le chômage, il en demande toujours plus.
Après avoir obtenu plusieurs dizaines de milliards d’euros de cadeaux fiscaux au moment même où il est demandé au peuple de « faire des efforts » et de « se serrer la ceinture », le grand patronat prépare sa prochaine offensive. Sans doute s’est-il senti renforcé par la manière dont le gouvernement a répondu aux grèves des cheminots et des intermittents : désormais, chacun sait que face à un mouvement social, François Hollande fait comme Nicolas Sarkozy et joue le pourrissement et l’épuisement de celles et ceux qui ne peuvent se priver trop longtemps de précieuses journées de salaires. Sans doute, aussi, le grand patronat se sent-il appuyé par les médias qui parlent d’« économies nécessaires », de « manque de compétitivité » et qui font passer les cheminots grévistes pour de dangereux terroristes. Sur ce dernier point, je vous invite d’ailleurs à aller consulter l’article de mon camarade de l’OPIAM sur le champ lexical utilisé par le Parisien, mais aussi cet excellent article d’Acrimed sur le vocabulaire utilisé par divers médias.
Je le disais : le grand patronat se sent fort et prépare sa prochaine offensive. Les signaux se font de plus en plus évidents et il est donc nécessaire de nous préparer à mener une bataille que le gouvernement ne mènera pas de notre côté de la barricade. Cette offensive sera contre le repos (entendu au sens large, c’est à dire autant la durée légale hebdomadaire du travail que le nombre de congés annuels ou encore le nombre d’années de cotisations pour pouvoir partir en retraite), et elle a déjà commencé.
Dans cette bataille qui s’avance, le grand patronat a décidé d’utiliser deux armes extrêmement efficaces : les sondages « d’opinion » et les enquêtes « scientifiques ». Armes d’autant plus efficaces qu’elles produisent des chiffres en tout genre, dont les médias sont friands. On peut donc s’attendre à des séries d’articles sur le temps de travail… et ça a déjà commencé.