14 juil. 2014

L'essor du textile appauvrit les ouvriers

Un reportage de Libération (ici, en français) nous emmène chez les ouvriers du textile au Cambodge. Le dynamisme du secteur aurait pu laisser croire que leurs conditions de travail n'étaient pas les pires qui soient mais il n'en est rien: à mesure que les carnets de commande se remplissent, les ouvriers s'appauvrissent.

Extrait


Après 10 heures à coudre des vêtements pour des marques occidentales, Ry Srey Bopha regagne la petite chambre qu’elle partage avec d’autres ouvrières d’une usine textile cambodgienne, avale quelques restes et s’allonge par terre pour dormir.
Comme beaucoup des quelque 650.000 travailleurs du secteur textile, en grande majorité des femmes, les journées de Bopha sont longues et épuisantes. Et elle ne voit que rarement sa fille de cinq ans élevée à la campagne par une grand-mère âgée.
«La vie dans les usines textile est très difficile», explique-t-elle à l’AFP. «Mais j’ai besoin d’argent, alors je dois juste être patiente».
Autrefois décrit comme un modèle, le secteur textile cambodgien en plein essor a vu les conditions de travail de ses ouvriers se détériorer, en parallèle avec l’augmentation du nombre d’usines.
 Photo Tang Chhin Sothy. AFP
L’argent et les commandes inondant l’industrie ces dernières années ont poussé à la création de nouveaux établissements «qui ne connaissent pas les règles légales (...) ou s’en moquent», souligne Jason Judd, du programme «Better Factories Cambodia» de l’Organisation internationale du travail (OIT).
De la mort de quatre ouvriers lors d’une grève violemment réprimée par la police en janvier aux évanouissements collectifs dans les usines, la réputation du secteur a été largement écornée, au point d’inquiéter certaines marques occidentales.

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Elle travaille six jours par semaine, de 07h00 à tard dans la nuit, pour pouvoir joindre les deux bouts grâce aux heures supplémentaires, le tout pour environ 95 euros par mois, dont elle envoie plus d’un tiers à sa famille.