Extraits
L’âge de faire a pu rencontrer Zumra Nuru à l’occasion de sa venue en France. Cet Ethiopien de 67 ans a créé, dans les années 70, sur des règles de partage et de respect, une communauté dont la réussite semble incontestable.
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Les habitants, qui cultivent essentiellement le maïs, le tef et les haricots secs, obtiennent des rendements supérieurs au reste de la région. Ils élèvent des zébus, des poules, et quelques moutons. Compte tenu du peu de terre dont ils disposent, ils ont diversifié leur activité : femmes et hommes pratiquent le tissage – ailleurs, cette pratique est strictement réservée à la gent masculine. Ici, les hommes vont chercher l’eau au puits et peuvent s’occuper des enfants – des tâches traditionnellement réservées aux femmes. Et si l’harmonie règne toujours au sein de Awra Amba, elle commence aussi à s’étendre aux villages alentour : grâce à des rencontres organisées de façon régulière, et parce qu’ils ne peuvent que constater les bénéfices de ce mode de vie, les autres villages de la région n’affichent plus la même défiance à son égard.
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Gebeyehu Desaleu est de ces enfants qui ont grandi à Awra Amba. Après des études supérieures en économie, il pourrait aujourd’hui, nous explique-t-il, « travailler pour le gouvernement et gagner beaucoup d’argent ». Il a pourtant choisi de revenir vivre au sein de la communauté. « C’est une façon, pour les jeunes comme moi, de rendre à la communauté tout ce qu’elle nous a donné. Les anciens comme Zumra se sont sacrifiés pour que nous puissions avoir une vie meilleure. Maintenant, c’est à notre tour de faire évoluer la communauté. » Créée par dix-neuf fermiers illettrés, Awra Amba compte, vingt ans plus tard, quarante-huit diplômés universitaires.