Le Centre Europe-Tiers Monde enquête sur les pratiques de Coca-Cola en Colombie
ici. Décidément indigestes: la multinationale recourt à la sous-traitance pour se dédouaner des pires pratiques sociales et ... continuer à empocher les dividendes. Extraits.
La société transnationale Coca Cola s’est installée en Colombie
dans les années 1940, par le biais de la franchise octroyée aux usines
d’embouteillage Indega S.A. dans le centre, sur la côte nord et au
nord-est de la Colombie, créant d’autres franchises telles que Bebidas y
Alimentos de Urabá. Les usines d’embouteillage regroupées sous Indega
S.A. ont été achetées en 1995 par Panamco Beverages Inc. dont 25% des
actions sont détenues par Coca Cola. En mai 2003, Fomento Mexicano S.A.,
par le biais de la franchise Coca Cola Femsa S.A., a acheté Panamco
alors que Coca Cola conservait 31,6% des actions de l’entreprise. Coca
Cola Femsa détient la franchise en Colombie avec laquelle elle opère
dans la majorité des pays d’Amérique latine.
Grâce à ce montage
légal qui relève d’une procédure d’externalisation, Coca Cola gère la
production et la vente de ses produits en préservant son contrôle sur
les marques qu’elle détient, en maintenant le pouvoir de décision de ses
actionnaires et sa participation dans les conseils d’administration des
entreprises locales. Coca Cola conserve également le contrôle de tout
le processus de fabrication, des matières premières à la distribution en
passant par les ingrédients, la production et la politique en matière
de travail, tout en refusant d’endosser la moindre responsabilité pour
les violations des droits humains commises.
Les impacts des
activités de Coca Cola en Colombie touchent entre autres l’environnement
et la santé (3). Mais surtout l’histoire de Coca Cola en Colombie est
celle d’une attaque permanente contre le droit du travail et les droits
syndicaux qui s’est, entre autres, traduite par l’assassinat de plus de
dix syndicalistes et des liens présumés entre Coca Cola et des groupes
paramilitaires.
L’allongement de la journée de travail et
l’accroissement de la cadence de travail a permis à l’entreprise Coca
Cola Femsa de continuer à faire fonctionner cinq usines d’embouteillages
en fermant, en contre partie, onze autres en 2003 et licenciant ainsi
des centaines d’employés. Les affilés à Sinaltrainal ont entamé une
grève de la faim en mars 2004, pour tenter de bloquer ce renvoi massif
de travailleurs. En 2014, une immense usine d’embouteillage dont les
locaux sont en train d’être édifiés dans la municipalité de Tocancipá à
Cundinamarca devrait être bientôt opérationnelle. Il est prévu de
nouvelles fermetures d’usines d’embouteillage et d’importants
licenciements de personnel.
D’après certains documents officiels
de l’entreprise – documents connus des dirigeants de Sinaltrainal –
comme les dénommés « Dia D », « Pla Padrino » et « El Corrientazo », le
syndicat Sinaltrainal est considéré comme un obstacle à la réalisation
de l’objectif de réduction des coûts de travail. En effet, Sinaltrainal
s’oppose à toute forme de sous-traitance, or près de 70% des 7000
travailleurs sont employés via ce type de contrat à travers des
entreprises de façades. Nombre d’entre elles sont de la propriété de
cette même société transnationale comme, entre autres Atencom S.A.S.,
Imbera, OXXON, FL Colombia S.A.S. Ces entreprises sous-traitantes
permettent d’éviter tout lien contractuel direct entre les travailleurs
et Coca Cola et empêche l’association syndicale. De cette façon, elles
évitent d’appliquer les avantages sociaux stipulés dans la convention
collective de travail. Sinaltrainal lutte contre le soi disant plan des
ressources humaines qui est en fait un plan de la transnationale pour
affaiblir le syndicat (qui compte aujourd’hui seulement 287 travailleurs
affiliés), abroger la Convention collective de travail et exercer des
pressions illégales sur les travailleurs pour qu’ils renoncent à leurs
contrats de travail.