27 juin 2014

Coca-Cola n'aime pas les syndicats

Le Centre Europe-Tiers Monde enquête sur les pratiques de Coca-Cola en Colombie ici. Décidément indigestes: la multinationale recourt à la sous-traitance pour se dédouaner des pires pratiques sociales et ... continuer à empocher les dividendes. Extraits.

La société transnationale Coca Cola s’est installée en Colombie dans les années 1940, par le biais de la franchise octroyée aux usines d’embouteillage Indega S.A. dans le centre, sur la côte nord et au nord-est de la Colombie, créant d’autres franchises telles que Bebidas y Alimentos de Urabá. Les usines d’embouteillage regroupées sous Indega S.A. ont été achetées en 1995 par Panamco Beverages Inc. dont 25% des actions sont détenues par Coca Cola. En mai 2003, Fomento Mexicano S.A., par le biais de la franchise Coca Cola Femsa S.A., a acheté Panamco alors que Coca Cola conservait 31,6% des actions de l’entreprise. Coca Cola Femsa détient la franchise en Colombie avec laquelle elle opère dans la majorité des pays d’Amérique latine.
Grâce à ce montage légal qui relève d’une procédure d’externalisation, Coca Cola gère la production et la vente de ses produits en préservant son contrôle sur les marques qu’elle détient, en maintenant le pouvoir de décision de ses actionnaires et sa participation dans les conseils d’administration des entreprises locales. Coca Cola conserve également le contrôle de tout le processus de fabrication, des matières premières à la distribution en passant par les ingrédients, la production et la politique en matière de travail, tout en refusant d’endosser la moindre responsabilité pour les violations des droits humains commises.
Les impacts des activités de Coca Cola en Colombie touchent entre autres l’environnement et la santé (3). Mais surtout l’histoire de Coca Cola en Colombie est celle d’une attaque permanente contre le droit du travail et les droits syndicaux qui s’est, entre autres, traduite par l’assassinat de plus de dix syndicalistes et des liens présumés entre Coca Cola et des groupes paramilitaires.
L’allongement de la journée de travail et l’accroissement de la cadence de travail a permis à l’entreprise Coca Cola Femsa de continuer à faire fonctionner cinq usines d’embouteillages en fermant, en contre partie, onze autres en 2003 et licenciant ainsi des centaines d’employés. Les affilés à Sinaltrainal ont entamé une grève de la faim en mars 2004, pour tenter de bloquer ce renvoi massif de travailleurs. En 2014, une immense usine d’embouteillage dont les locaux sont en train d’être édifiés dans la municipalité de Tocancipá à Cundinamarca devrait être bientôt opérationnelle. Il est prévu de nouvelles fermetures d’usines d’embouteillage et d’importants licenciements de personnel.
D’après certains documents officiels de l’entreprise – documents connus des dirigeants de Sinaltrainal – comme les dénommés « Dia D », « Pla Padrino » et « El Corrientazo », le syndicat Sinaltrainal est considéré comme un obstacle à la réalisation de l’objectif de réduction des coûts de travail. En effet, Sinaltrainal s’oppose à toute forme de sous-traitance, or près de 70% des 7000 travailleurs sont employés via ce type de contrat à travers des entreprises de façades. Nombre d’entre elles sont de la propriété de cette même société transnationale comme, entre autres Atencom S.A.S., Imbera, OXXON, FL Colombia S.A.S. Ces entreprises sous-traitantes permettent d’éviter tout lien contractuel direct entre les travailleurs et Coca Cola et empêche l’association syndicale. De cette façon, elles évitent d’appliquer les avantages sociaux stipulés dans la convention collective de travail. Sinaltrainal lutte contre le soi disant plan des ressources humaines qui est en fait un plan de la transnationale pour affaiblir le syndicat (qui compte aujourd’hui seulement 287 travailleurs affiliés), abroger la Convention collective de travail et exercer des pressions illégales sur les travailleurs pour qu’ils renoncent à leurs contrats de travail.