2 mai 2014

Smicard aux États-Unis

Peter Van Buren témoigne de son expérience de travail au salaire minimum dans le commerce de détail sur le site de Michael Moore (ici, en anglais). Les Smicards dépendent de la charité publique, des coupons alimentaires faute de salaire suffisant - voyage dans la précarité de l'emploi sans salaire.

Résumé et traduction

Un collègue s'est fait virer parce qu'il avait volé le déjeuner du frigo de la cafétéria. Il s'est excusé alors que les gardes le poussaient dehors en expliquant qu'il avait faim et ne pouvait s'offrir trois repas tous les jours. Cet homme avait dû loger dans sa voiture faute de pouvoir s'offrir un loyer.
 D'autres travailleurs étaient étonnamment qualifiés. Un peintre, un universitaire aimaient tous deux discuter des significations dans les romans modernes dont nous étions tous les trois friands.

Il y avait beaucoup de mère célibataires (64% des smicards sont des femmes et près de la moitié des mères célibataires vivent dans la pauvreté). Il y avait un vétéran, un couple d'étudiants.

La loi exige une pause après 6 heures de travail ou plus sous certaines conditions. Mais cette pause était seulement de 30 minutes et n'était pas payée. La plupart des quarts duraient 5h30 ou moins.

Les heures sont notre monnaie d'échange: on peut échanger cinq heures mal placées contre trois heures bien mises. Le magasin se fiche de qui se présente du moment que quelqu'un se présente. La plupart des smicards travaillent moins de 40 heures semaines pour éviter qu'ils ne soient qualifiés de travailleurs à temps plein - avec les avantages y sont liés. Selon les besoins, j'étais prévenu au dernier moment de mes horaires.

Le salaire (très maigre) varie donc d'une semaine à l'autre selon les prestations. Une bonne semaine (comme noël), on peut gagner 270$ [200€]. Fin 2013, le salaire minimum est passé d'un peu plus de 7$ à 8$ [6,15€], ce qui n'a pour ainsi dire rien arrangé. Comment peut-on vivre avec 50$ [38,5€] par semaine ou, au mieux, 270$?
 
On ne vit pas de son seul salaire. C'est impossible. Fort heureusement, j'avais des économies, pas d'enfant à la maison à nourrir et ma femme jouissait encore d'un "bon" emploi [les guillemets ne sont pas de nous]. Bien des collègues devaient avoir recours à trois ou quatre emplois au SMIC. Six heures debout, c'est beaucoup, mais 12h ou 14h? Il n'y a pas de week-end, pas de vacances dans la plupart des emplois au SMIC.