21 avr. 2014

Une pétition contre le pillage des ressources

Selon Diagonal (ici, en espagnol), le gouvernement d'Équateur fait des pieds et des mains pour empêcher une demande populaire de référendum d'aboutir. Ce référendum est soutenu par plus de 750.000 électeurs et devrait, légalement, avoir lieu puisqu'il dépasse le seuil des signatures nécessaires. Mais le gouvernement bloque le processus référendaire par des considérations procédurières.

Ce référendum entend sanctuariser les champs de Ishipingo, Tiputini y Tambococha dans le Parc National Yasuni, d'y laisser sine die le pétrole brut dans le sol. Cette initiative s'oppose à l'initiative du président Correa d'exploiter ces gisements de bruts, initiative qui, à en croire les sondages, serait fort impopulaire.

Il faut cependant nuancer cette position pro-pétrole du gouvernement équatorien selon le blogue C3v maison citoyenne - 89 (ici). Correa avait proposé à la communauté internationale de financer partiellement le manque à gagner de l'abandon de l'exploitation pétrolière sur le Yasuni. Face au refus, c'est une petite partie du parc qui sera exploitée seulement.

Extrait
L'Equateur est le plus petit pays membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ; environ un cinquième de ses ressources supposées reposent dans le sous-sol du parc Yasuni reconnu pour sa grande richesse en matière de biodiversité. Entre la sauvegarde de ce petit bout d'Amazonie et l'exploitation des énergies fossiles, le président équatorien, Rafael Correa, a tranché en faveur de la seconde.
Les champs pétroliers d'Ishpingo, de Tambococha et de Tiputini – dits "ITT" – et leurs quelque 900 millions de barils de pétrole seront donc exploités, a annoncé, jeudi 15 août lors d'une allocution solennelle, le président Correa, avec une "profonde tristesse".
Réélu en février, Rafael Correa avait promis d'approfondir sa "révolution citoyenne" où doivent se mêler transformation sociale du pays et respect de l'environnement. M. Correa a reconnu avoir pris"une des décisions les plus difficiles de tout [son] gouvernement" en favorisant le pétrole aux dépens de cette réserve de biosphère classée par l'Unesco, où vivent 696 variétés d'oiseaux, 2 274 d'arbres, 382 de poissons, 169 de mammifères ou encore 121 de reptiles, ainsi que des dizaines de milliers d'espèces d'insectes.




Le président équatorien Rafael Correa.

ULTIMATUM ÉCOLOGIQUE
Avant de se résoudre à ce que beaucoup dénoncent comme un désastre écologique, le pouvoir équatorien avait tenté une approche originale, sinon inédite : l'initiative Yasuni-ITT. En 2007, à la tribune de l'ONU, le président Correa lançait à la communauté internationale une sorte d'ultimatum écologiquede chantage, diront certains – pour que soit préservée la forêt amazonienne.
En échange de la non-exploitation de son sous-sol et du non-rejet dans l'atmosphère de 400 millions de tonnes de CO2, le président équatorien demandait 3,6 milliards de dollars, sur une douzaine d'années, aux plus gros consommateurs de pétrole sur la planète, soit la moitié de ce que rapporterait à l'Etat équatorien l'extraction du pétrole.
L'initiative a pris un tour plus concret en 2010, quand le gouvernement équatorien a signé un accord avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui a ouvert un "fonds d'affectation spéciale", une sorte de compte ad hoc, destiné à recevoir les contributions internationales. Le PNUD s'engageait également à administrer ces fonds, en accord avec les pays donateurs.
UNE VICTOIRE POLITIQUE ?
Certains ont vu dans Yasuni ITT un renouveau des discussions environnementales, à l'heure de l'échec des grandes conférences sur le réchauffement climatique, et notamment celle de Copenhague, fin 2009. Ainsi, Matthieu Le Quang, chercheur en sciences politiques à Quito – et auteur de Laissons le pétrole sous terre ! – écrivait en 2010 dans les colonnes du Monde que l'initiative ITT Yasuni était "une proposition pionnière et innovante, une alternative aux discussions dominantes au niveau mondial".
Aujourd'hui, après son abandon par M. Correa, M. Quang estime qu'il s'agit d'un "échec économique prévisible", dans la mesure où il était peu probable que "les pays du Nord soutiennent l'initiative qui revenait à remettre en cause la base des sociétés capitalistes". En revanche M. Quang y voit un gain politique : l'Equateur, en proposant une "solution avant-gardiste" pour sauvegarder l'environnement, s'est placé comme "un acteur majeur de la lutte contre le réchauffement climatique".

  Par ailleurs, sur Telesur (ici, en espagnol), le président équatorien a évoqué la nécessité de l'exploitation du champ de Yasuni pour s'extraire de la misère qui touche près d'un quart de la population.