Des emplois contraints sans salaire ... comme ici, en (beaucoup) plus brutal et, sans salaires, c'est la production elle-même qui sombre.
Nous vous livrons un résumé-traduction de ce témoignage.
- Les enfants des riches et des puissants décrochent les meilleurs boulots. Les étudiants ordinaires n'ont aucune ambition pour leur avenir - l'État décide leur destin écrit Mina Yoon.
- La société a fondamentalement changé depuis l'effondrement du système de rationnement.
- Les gens n'ont pas la liberté de choisir leur métier. Une fois que le gouvernement assigne un métier, il l'est pour toute la vie. Toutes les ressources sont contrôlées par le système collectiviste du gouvernement, il cherche le nombre de gens dont chaque industrie a besoin et y assigne les gens.
- L'emploi a une toute autre signification en Corée du Nord. Un emploi est synonyme de travail sous l'ordre du gouvernement.
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- La plupart des enfants en Corée du Nord ne peuvent même pas envisager leur avenir puisque le gouvernement fait les choix à leur place. Les parents ne se soucient pas non plus de l'avenir de leurs enfants puisqu'ils savent que ce qu'ils veulent pour leurs enfants n'a aucune incidence.
- Après le bac, après la rhétorique, les étudiants complètent un questionnaire avec leurs trois choix de carrière préférés - mais tout le monde sait que ce n'est qu'une formalité. Le gouvernement attribue aux diplômés n'importe quel métier qu'ils considèrent convenables ou nécessaires et ce que pensent les étudiants n'est pas pris en compte.
- Le service militaire est obligatoire pour les hommes et pour certaines femmes (notamment les plus grandes).
- Les autres diplômés sont envoyés dans des usines à proximité (la proximité est le critère de placement). Une fois que l'on travaille quelque part, il est presque impossible de changer d'affectation. Les gens ne souhaitent pas nécessairement changer parce que les salaires et les rations sont partout les mêmes.
- Cependant, après la casse du système de rationnement, ces règles d'emploi ont été compromises. L'emploi n'est rien d'autre qu'un titre absurde qu'on peut mentionner quand on demande où on travaille. Les usines ont arrêté leur production depuis longtemps et les ouvriers d'usine n'attendent pas de dédommagement de leur travail.
- Même si vous avez un emploi du gouvernement, vous devez trouver d'autres sources de revenu. C'est pour ça que mes parents ont commencé à corrompre des agents gouvernementaux avant le bac pour que leurs enfants aient de bons emploi avec un salaire et qui procure des rations.
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Des Nord-Coréens travaillent dans une usine alimentaire, dans la première entreprise sud-coréenne à produire en partenariat en Corée du Nord, dans la ville frontalière de Kaesong. Photo: Jung Yeon-je/AP |
- Les emplois dans les organisations qui gagnent des devises étrangères sont parmi les emplois les plus recherchés actuellement en Corée du Nord. Ces organisations lancées dans les années 2000 se sont répandues partout dans le pays. Ce que font ces organisations, c'est exporter des ressources nord-coréennes à l'étranger et créer des fonds pour le gouvernement [qui sert alors de propriétaire lucratif]. Les travailleurs dans ces organisations reçoivent des rations et ont l'occasion de gagner des revenus supplémentaires selon leur performance [c'est l'emploi rémunéré par la force de travail, la forme la plus violente de rémunération]. Les travailleurs dans ces compagnies sont admirés.
- Ces organisations sont puissantes parce qu'elles sont sous la protection de l'armée, du gouvernement. La concurrence pour se retrouver dans ces organisations est sévère [à l'instar de la course à l'emploi des chômeurs chez nous]. Il faut un base familiale solide et beaucoup d'argent pour être employé là. En fait, la plupart des gens qui travaillent dans ces organisations sont des enfants d'officiers du parti ou de présidents de riches organisations qui gagnent des devises étrangères.
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Des Nord-Coréens travaillent à embouteiller du jus de pomme dans une ferme communautaire. Photo: David Guttenfelder/AP |
- Face à la demande croissante d'emploi mieux payés, la corruption se généralise. Il faut acheter l'agent pour voler vos données personnelles de l'administration locale. Il faut acheter le gérant de l'usine ou les secrétaires du parti pour qu'ils rédigent des lettres de confirmation. Il faut ensuite soumettre lesdites lettres à l'agence administrative qui distribue les emplois.
- Ceux qui n'ont pas les moyens de corrompre les agents doivent laisser leurs enfants aller là où on les envoie. Ils achètent alors les gérants de l'usine pour que leurs enfants n'aient pas à travailler. Ils vont alors au marché mais ils doivent donner une partie de leurs revenus à l'usine. La majorité des jeunes femmes travaillent comme vendeuse sur le marché avec leur nom enregistré sur un lieu de travail.
- Il faut être impérativement inscrit: ne pas avoir d'emploi est hors-la-loi en Corée du Nord. C'est poursuivi.
- Après 10 ans de service militaire, les vétérans sont assignés à un emploi. La plupart reviennent dans leur ville d'origine et travaillent là où le gouvernement local les envoie. Cependant, des milliers d'entre eux sont envoyés sur des projets nationaux ou des entreprises qui ont besoin d'une main-d’œuvre à grande échelle. Il n'y pas de recours contre ces désignations. Par exemple, des milliers de vétérans ont été envoyé à Ryanggang pour cultiver des pommes de terre et sont devenus des paysans pour toute leur vie.
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Des travailleurs nord-coréens sur une ferme de pomme près de Pyongyang. Photo: Pedro Ugarte/AFP/Getty Images |
- Ils ont dû construire des fermes de leurs propres mains. Ils craignaient aussi que leurs enfants ne dussent reprendre ces fermes devenus adultes. En dépit de ces inquiétudes, il n'y avait rien qu'ils pussent faire pour changer la situation.Étonnamment, au delà des spécificités locales indéniables, la relation à l'emploi n'est pourtant pas sans point commun avec l'évolution du monde du travail rémunéré en Europe.
- Comme des milliers de jeunes hommes ont été envoyés dans une région, il a fallu y envoyer des milliers de femmes en âge d'être mariée en leur octroyant de petits avantage (ustensiles de cuisine, des rations gratuites d'huile ou de sucre, etc.). Mais il n'y a pas eu assez de volontaires et le nombre d'hommes dans cette région dépasse celui des femmes, de nombreux hommes doivent demeurer célibataires.
- Les contraintes économiques restreignent la liberté de choix (même si la misère ici remplace l'arbitraire gouvernemental là-bas).
- Le combat des places, la concurrence entre les producteurs les contraint à baisser leurs exigences légitimes, salaires et conditions de travail, ici et, là-bas à acheter les employeurs.
- La guerre au salaire sape la production économique.