Selon un article de Benjamin Leclerq dans MyEurop (ici):
"En Espagne, la tribu des mileuristas grandit... "Mileurista" ? Un néologisme inventé au milieu des années 2000 pour qualifier ces Espagnols déclassés, condamnés à vivre avec seulement mille euros malgré des diplômes et des expériences professionnelles.La baisse des salaires contracte la demande, ce qui prévient toute hausse de la production et tout retournement de conjoncture. Pour autant, une simple relance de la demande via les salaires - pour salutaire qu'elle puisse être - ne suffit pas à nous débarrasser de l'emploi: il faut socialiser les salaires pour pouvoir quitter le chantage du chômage et commencer à libérer le travail, l'activité humaine du carcan du profit.
(...) La moitié des nouvelles offres d'emploi publiées aujourd'hui en Espagne proposent un salaire net de 1000 euros ou moins. Autrement dit, un Espagnol sur deux qui dégote un job sera payé mille euros maximum. Beaucoup écoperont, de fait, du salaire minimum, fixé à 750 et quelques euros en Espagne.
Preuve que la dévaluation salariale s'aggrave, début 2013 ce niveau de rémunération ne concernait "que" 30% des nouvelles offres d'emploi. Les entreprises anticiperaient en fait une terne année 2014 en pratiquant un drastique ajustement salarial.
En visant le niveau de salaire juste au dessus, le constat est le même. Ainsi, les nouvelles offres proposant un salaire de 15.000 euros annuels (1.250 euros/mois) représentaient 24% du total des annonces début 2013, contre plus de 30% aujourd'hui. A l'inverse, seul 30% des travailleurs espagnols gagnent davantage que 1700 euros net.
Cette flambée des bas salaires accentue chaque mois un peu plus les traits d'une Espagne "mileurista": salariés et chômeurs confondus, ils sont désormais 17,7 millions en Espagne à vivre avec mille euros ou moins. C'est 1,3 million de plus qu'en 2007. Et tout de même 43,7% de la population espagnole (contre 40% avant la crise)…
Les salaires dans leur ensemble ont pris un sacré coup en Espagne. Selon une étude de la société People Matters, les nouveaux emplois mis aujourd'hui sur le marché sont en moyenne rémunérés 14% de moins à poste équivalent. Rien qu'entre 2010 et 2012, la Fondation d'études d'économie appliquée (Fedea) espagnole évalue la baisse à 12%."