Nous reprenons des extraits d'un article d'août dernier d'Ammar Belhimer
de Socialgérie (ici, en français).L'auteur rappelle le contexte de la construction du droit social algérien, l'indépendance et le compromis entre le travail et le capital.
Les droits économiques, hérités du droit français, avant d’être reformatés dans le moule national populiste des années 1960-1970, s’inscrivent, pour l’essentiel, dans l’exception au droit classique, consensuel, libéral et égalitaire. Ils constituent, à tous points de vue, des concessions consenties par le capital dans son bras de fer avec le travail.Les entraves à la représentation syndicale sont nombreuses. Là-bas aussi,
Leur évolution récente en Algérie et dans le monde n’est pas rassurante ; loin de là. Elle témoigne d’un affaiblissement généralisé du pouvoir de négociation du travail par rapport au capital.
À défaut de syndicats représentatifs libres, les pouvoirs publics fabriquent des « syndicats buvards » et d’élargissement de l’allégeance. Un instrument totalement discrédité de contrôle social.Il rappelle ensuite le contexte mondial actuel.
Dans un tel contexte, les droits sociaux sont frappés du sceau de la paupérisation et de la précarisation. La crise de l’emploi est d’une gravité telle dans le monde qu’aujourd’hui environ 50% de la main-d’œuvre mondiale occupe des emplois précaires. « L’élimination des limites sur les heures de travail, la réduction des salaires minimum, ou l’élimination du préavis en cas de licenciement collectif » sont, pour la Banque mondiale, « la meilleure voie pour la croissance », dénonce encore la CSI.
Mieux (ou pire), la Banque mondiale classe les pays en fonction de leur performance sur la base de ces critères. « L’Afghanistan, la Géorgie, Haïti, la Mongolie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée obtiennent un meilleur score que […] la Finlande, la Corée du Sud, les Pays-Bas, la Suède et Taïwan, simplement parce qu’ils ont dérégulé leur marché du travail. » Sans parler de la Colombie (qui détient le record de meurtres de syndicalistes), la Chine (où le syndicalisme n’existe pas hors du syndicat officiel), ou l’Arabie saoudite (où les femmes sont exclues de certaines professions), qui récoltent de « bonnes notes »… « Des éditions antérieures (de Doing Business) ont attribué aux îles Marshall et à Palau la meilleure performance au plan de l’emploi des travailleurs. » Aucun de ces paradis fiscaux n’était membre de l’Organisation internationale du travail.Puis il décrit les conditions de l'esclavage employiste en Algérie:
- Emploi informel
Le travail n’est toujours pas au bout de ses peines : en Algérie, au cours des trente dernières années, l’ emploi informel a évolué comme suit, en proportion de l’ensemble de la population active : 21,4% en 1980 - 25, 4% en 1990 (selon le FMI) et 50,4% en 2010 (selon l’ONS).
- Pas de droit pour les salaires
Dans ces conditions, tout référentiel protecteur des revenus devient superflu. “Le projet d’amendement de l’article 87 bis de la loi sur les relations de travail” (pour rappel, cette disposition définit le salaire, fixe sa composante et détermine les conditions de rémunération) inscrit à l’ordre du jour de la tripartite (prévue début septembre) participe de la même logique : lever les contraintes, y compris en écartant toute référence au SNMG.
- La 'réforme' des retraites
La réforme des régimes de retraites, elle, prend la forme, au mieux, d’un rallongement de l’âge de départ, au pire de la confiscation des années de cotisations (faillite des fonds de pension et baisse des retraites en Grèce).
Enfin, l’assouplissement des procédures et coûts de licenciements : selon la matrice Doing Business, le seul indicateur qui témoigne d’une performance de l’économie nationale en matière d’investissement se rapporte à la facilité de licenciement en cas de cessation d’activité.
En conséquence, selon le témoignage direct d'un de nos lecteurs, les conditions de vie des travailleurs sont exécrables dans un pays pourtant riche en ressources naturelles. Une caste cleptocrate accapare toutes les richesses. Je cite (en corrigeant les fautes de frappe):
Imagine un pays comme le notre avec toutes les richesses qu'on a, pétrole, gaz, or. Un chômeurs chez nous est payé 40euros et c'est pas pour tout le monde pour un travailleur le smig et à 240euros avec tous les problèmes de logements et la vie qui est très très chère.
En conséquence,
La location d'un logement chez nous est entre 250 à 300euros dans les banlieues, au centre ville, c'est 5oo à 800euros, c'est presque la même chose.Un excellent élève du FMI en somme.
La vie est très dure en Algérie j'ai dit que le smig et à 240euros (...) il y a des gens qui vivent dans des bidonvilles.