26 janv. 2014

Le Diplo met en ligne un article sur l'empire Samsung

Article en libre accès ici.

Extrait
Il faut travailler au moins douze heures par jour ; participer aux activités caritatives afin de développer l’esprit de solidarité, dixit le management ; puis, éventuellement, retourner au travail avant d’aller se coucher. Six jours sur sept. Le septième, les ouvrières sont si fatiguées qu’elles dorment sur place et rentrent rarement dans leur famille. « On se lève Samsung, on mange Samsung, on travaille Samsung, on s’entretient Samsung, on dort Samsung », résume Kab-soo, heureuse d’en être partie après avoir amassé un petit pécule et trouvé un autre emploi un peu moins dur.
Bien sûr, ces jeunes filles ont le droit de sortir le soir. « Nous ne sommes pas en Chine », me réplique, un peu vexé, un ex-cadre du groupe. Cependant, reconnaît-il, ce n’est pas très bien vu. Et si, par égarement, elles rentrent après le couvre-feu (minuit), elles reçoivent un « carton rouge » qui ne sera effacé que lorsqu’elles auront dûment participé aux activités caritatives maison.
La fatigue est telle que les indisciplines sont rares. Pourtant, encapuchonnées dans leur costume de Bunny, les travailleuses résistent à cette robotisation. Interdites de maquillage, elles mettent des faux cils. Couvertes jusqu’aux yeux du bonnet réglementaire, elles trouvent des façons élégantes de le porter, raconte Lee Kyung-hong, jeune cinéaste documentariste qui les a filmées pendant trois ans … après leur départ de l’entreprise, car il leur est totalement interdit de parler tant qu’elles y sont employées.