14 déc. 2014

Travail pour rien

Un avocat, Moshe Marvit nous explique dans In these times (ici, en anglais) un cas juridique intéressant.

Les employés d'Amazon sont contraints par leur employeur à passer vingt-cinq minutes en contrôle pour vérifier qu'ils n'ont rien volé (selon le bon vieux principe qu'un employé est toujours a priori suspect pour son employeur alors que, si les employés étaient voleurs, ils devraient être plus riches que leurs employeurs mais passons, il faut que je referme cette parenthèse).

Ce temps presté de manière "obligatoire" et de manière intrinsèque aux prestations de travail en emploi n'est pas rémunéré par la multinationale ladre. Le juge de la cour suprême a dispensé la multinationale du payement des heures passées devant les portiques de sécurité parce qu'il ne s'agit d'une activité "intrinsèque" à l'emploi.

Ce faisant, les juges ont ouvert une curieuse jurisprudence. Comme les activités d'Amazon dépendent d'un système de gestion de place chaotique, en fonction des emplacements disponibles et que ce système ne permet pas de tracer électroniquement les marchandises; ce système impose "de manière intrinsèque" le contrôle des marchandises sortant. Partant, la dénégation des droits les plus élémentaires des employés par la cour suprême ouvre la porte à l'arbitraire le plus absolu: les employés peuvent être "réquisitionnés" par leur employeur pour des durées indéterminées sans dédommagement. C'est dire que, juridiquement parlant, rien ne distingue plus l'emploi de l'esclavage.

Dont acte.

La guerre des classes ne se gagnera pas devant les tribunaux mais dans le rapport de force social.