Il s'agit d'accaparement typique, d'éléphants blancs dans la meilleure tradition, celle qu'on retrouve à Sivens ou à Notre-Dame des Landes: il s'agit de spolier l'essentiel d'une population, d'éradiquer certaines formes de vie pour que quelques hommes d'affaire avisés fassent de bonnes affaires.
Extrait-traduction
Le 15 septembre, la police cambodgienne a arrêté 11 militants écologistes parce qu'ils avaient bloqué un convoi de véhicules gouvernementaux se dirigeant vers la Vallée Areng, le site du barrage controversé Stung Cheay Areng.
Les militants ont été relâchés mais des forces armées stationnent maintenant sur la route sur laquelle les villageois protestent contre le barrage depuis le mois de mars.
Il n'y a plus d'obstacle aux projets de Sinohydro Resources, la compagnie chinoise qui construit le barrage pour le compte du gouvernement. Le barrage va détruire la forêt, le milieu de vie et les traditions des Chong qui sont considérés comme les vrais Khmer (Khmer Daeum), qui habitent, pêchent, cultivent et chassent dans cette vallée depuis plus de 600 ans.
Le barrage - s'il est construit - va inonder 130 km², déplacer plus de 1500 personnes qui ne souhaitent pas quitter leurs foyers ancestraux. La faune sauvage (notamment les crocodiles siamois en voie d'extinction) sera également affectée par le projet.
Des experts doutent de la viabilité économique du projet du fait de coûts de construction élevés et de retours sur investissement très faibles. Le barrage est conçu pour produire de l'électricité pour l'équivalent de 87.000 foyers américains. Mais le barrage ne fonctionnera qu'à 46% de ses capacités pendant la saison sèche - la saison où les besoins d'électricité sont les plus élevés - selon Ame Trandem, la directrice du programme asiatique des rivières internationales.
Ce projet fait partie des 17 barrages que le gouvernement cambodgien veut construire dans les 20 années à venir pour surmonter la crise énergétique nationale. Mais le Cambodge va vendre l'essentiel de l'énergie produite aux voisins comme le Thaïlande, le Vietnam et le Laos. La propriété du barrage de Sinhydro sera transférée au gouvernement dans 40 ans. Les barrages déjà construits souffrent de malfaçon: l'un d'eux s'est déjà effondré en tuant quatre ouvriers alors qu'il était à moitié construit.