11 nov. 2014

Le gaz de schiste crée de l'emploi mortel

Michelle Sen dans The Nation ouvre le débat sur le gaz de schiste - une nuisance majeure aux États-Unis - par le biais de la condition de santé des travailleurs du secteur.

Résumé et traduction de l'article ici

Une étude d'Environmental Health (ici, en anglais) montre que la méthode d'extraction du gaz naturel connue sous le nom de fracturation hydraulique met en danger la santé des communautés et des travailleurs.

Cette étude montre les données de la pollution atmosphérique sur des sites de fracturation, cette pollution met en péril la santé du fait de la toxicité des gaz. Les échantillons d'air collectés à proximité des sites contiennent des niveaux dangereux de plusieurs composés volatiles qui "excèdent les normes fédérales à plusieurs reprises". On y trouve du "Benzène, du Formaldéhyde, du sulfure d'hydrogène notamment au-delà des seuils de tolérance pour la santé".

Ceci suggère que la fracturation peut augmenter le risque de cancer (voir ici, en anglais), les mutations génétiques et les dommages respiratoires et cellulaires à long terme pour les villes et les fermes locales. En faisant le lien avec d'autres études (ici, en anglais) la pollution des eaux proches des puits, la recherche sur la pollution de l'air pourrait alimenter l'opposition des communautés aux forages. Ces communautés doivent évaluer les promesses d'investissements et d'emploi face aux coûts en terme de santé humaine.

Les conclusion de l'étude posent aussi la question de la santé des travailleurs sur les sites de fracturation. Ces ouvriers ont beaucoup moins de recours légaux contre les dégâts de la pollution que les autochtones. Beaucoup de travailleurs sont intérimaires dans des conditions pénibles, ils sont isolés dans une industrie volatile où la pression pour pomper les profits est grande et les protections sociales faibles.

Par contraste avec les autres formes d'extraction d'hydrocarbure, la fracturation est particulièrement sale parce que le processus utilise de grands volumes de produits chimiques avec peu de transparence et peu de régulation.

Selon l'auteur de l'étude, directeur de l'Institut de Santé et d'Environnement à l'université l'Albany, David O. Carpenter:

"Il y a un problème fondamental puisque beaucoup de ces travailleurs sont des intérimaires, n'ont pas de syndicat qui surveille ce qui se passe, et pas d'assurance à long terme, etc. Les travailleurs doivent subir des expositions énormes aux produits chimiques, aux polluants atmosphériques et aux radiations. Notre étude se limite au résidentiel - on doit s'attendre à ce que les ouvriers soient exposés aux mêmes polluants atmosphériques mais en concentration plus élevée."

Plus tôt cette année, les chercheurs du National Institute for Occupational Safety and Health ont rapporté la mort de quatre travailleurs (ici, en anglais) à cause de fuites de liquide de fracturation hydraulique.

(...)

 Les travailleurs sont confrontés également à d'autres crises plus immédiates. Ils travaillent dans des boulots précaires, risquent constamment de tomber, d'être brûlés par l'eau des puits, de se blesser, d'avoir un accident de voiture, d'être frappés par les chaînes ou d'être pris dans les machines ou de subir un autre traumatisme. Les statistiques officielles de 2003 à 2012 montrent que la mortalité du secteur du pétrole et du gaz était "6,5 fois plus élevée que le taux de mortalité des autres secteurs aux USA ... Pendant cette décennie, les boulots autour de l'extraction pétrolière ont été presque 12 fois plus mortels que les autres boulots en moyenne aux USA."

Les échantillons recueillis dans les études de pollution atmosphérique ont été collectés par des bénévoles des groupes de vigilance environnementale locaux qui ont été habitués à prélever systématiquement des échantillons d'air près des divers sites de production et de fracturation en Arkansas, au Colorado, en Ohio, en Pennsylvanie ou  au Wyoming. Les substances qui ont été relevées à des niveaux alarmants comprenaient du Benzène, substance liée à la leucémie et aux maladies des poumons ainsi qu'au problème de développement des enfants et des fœtus.

Certains chercheurs, en manipulant des échantillons de formaldéhyde ont rapporté des symptômes inquiétants qui "faisaient écho à l'exposition sévère au formaldéhyde, qui irrite les yeux, le nez, la gorge et la peau". Simultanément, de releveurs d'échantillon dans le Wyoming ont montré des symptômes associés au sulfure d'hydrogène, "des maux de têtes, des vertiges, de l'irritation oculaire et de la fatigue".

 (...)

Face aux interpellations, face à la nouvelle étude toxicologique, les autorités sanitaires et environnementales fédérales ont déclaré qu'elles n'entreprendraient rien concernant la fracturation, qu'elles étaient satisfaites que cette activité puisse être menée en toute sécurité dans l'état de New-York.

Mais pour les activistes, la science parle d'elle-même: "tous les deux jours ou presque, nous trouvons de nouvelles preuves de la toxicité de l'air, de l'eau et du sol que la fracturation provoque". Les New-yorkais ne l'accepteraient pas.