21 août 2014

On liquide tout

Julien Bouissou fait le point dans Le Monde (ici) sur l'évolution de la situation en Inde. Le gouvernement ultra-employiste multiplie les permis d'exploitation au détriment de l'environnement. Il s'agit d'attirer l'investisseur, l'employeur, à tout prix - au prix de la santé, des ressources naturelles ou du mode de vie traditionnel, peu importe. La braderie bat son plein selon le quotidien vespéral.

Extraits.

La presse indienne vient ainsi de révéler que le Conseil national de la faune et de la flore a donné son feu vert, les 12 et 13 août, à près de 140 projets tels que la construction d'un barrage hydroélectrique et celle d'un oléoduc dans le nord-est du pays. Du jamais-vu en si peu de temps.

Ce déluge d'autorisations intervient quelques jours après un changement de gouvernance au sein de l'organisme. Les sièges traditionnellement réservés à cinq ONG de protection de l'environnement y sont désormais occupés par les représentants d'une agence environnementale dépendante du gouvernement de l'Etat du Gujarat, fief du premier ministre.

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Le gouvernement espère aussi accélérer le rythme de délivrance des autorisations en les regroupant dans un guichet unique, alors qu'aujourd'hui elles doivent être obtenues auprès de nombreuses autorités comme les comités de contrôle anti-pollution ou le Conseil national de la faune et de la flore. « C'est justement parce que chaque autorité est spécialisée qu'elle est compétente. Si on les supprime, l'environnement va en pâtir », redoute Himanshu Thakkar, du Réseau des rivières, des barrages et des populations en Asie du Sud.

L'autre stratégie mise en place consiste à confier des responsabilités accrues aux Etats régionaux. Ces derniers livrent plus volontiers bataille pour attirer les investissements que pour protéger l'environnement. Le gouvernement fait donc le pari qu'ils donneront facilement leur feu vert à des projets miniers ou d'infrastructure. Les Etats régionaux pourraient avoir le droit d'autoriser ou non l'ouverture de mines de sable dont la superficie est inférieure à 20 hectares, contre 5 hectares actuellement.

« Les inconditionnels de la croissance l'ont emporté. Ce que le gouvernement ne comprend pas, c'est qu'en détruisant les ressources naturelles, l'économie va en pâtir un jour », constate avec amertume Himanshu Thakkar. D'autres regrettent que la protection de l'environnement devienne le bouc émissaire du ralentissement de la croissance. « Le ministre de la défense bloque également de nombreux projets d'infrastructure au nom de la sécurité nationale », note Shibani Ghosh, avocate et chercheuse auprès du Centre for Policy Research, un think tank basé à New Delhi.
Nous sommes bien sûr de tout cœur avec ceux qui luttent contre cette politique aberrante et nous rappelons que le dollar (ou la roupie) ne se mange pas.