4 août 2014

L'immigration au prix de la qualification

Selon un article d'Annabel Georgen sur Slate (ici, en français traduit de l'allemand), les infirmières espagnoles qui fuient le chômage de leur pays pour travailler en Allemagne déchantent: en arrivant en Allemagne, elles trouvent un emploi mais perdent leur qualification.

Extrait

Le secteur médical étant l'un des domaines qui recrute le plus en Allemagne, de nombreuses infirmières espagnoles s'y sont expatriées ces dernières années. Pour attirer ce personnel qualifié qui fait aujourd'hui cruellement défaut sur place, la plupart des établissements de santé offrent des cours d'allemand aux nouvelles embauchées pendant leurs heures de travail, certains mettent même des logements de fonction à leur disposition ou prennent à leur charge les frais de voyage pour les vacances passées au pays.
Pourtant, une fois sur place, certaines d'entre-elles déchantent vite, car elles se retrouvent confrontées à une toute autre approche dans le domaine des soins, explique l'hebdomadaire Der Spiegel, qui a rencontré une infirmière espagnole de 23 ans embauchée dans une clinique berlinoise. Celle-ci se plaint d'être plus considérée comme une «serveuse» ou une «femme de ménage» que comme une infirmière par ses supérieurs, et de ne pouvoir effectuer aucun acte de soins infirmiers sur les patients, malgré ses qualifications. Son cas n'est pas isolé. Il y a quelques mois, la chaîne de radio allemande Deutschland Funk rapportait celui d'une autre infirmière espagnole qui se retrouvait dans les faits à exercer un travail d'aide-soignante. Même chose dans les maisons de retraite, d'après le quotidien Der Tagesspiegel.
Suite à ces mauvaises expériences, beaucoup d'infirmières espagnoles choisissent de rentrer dans leur pays pour tenter de décrocher un emploi adapté à leurs qualifications, mais se retrouvent souvent coincées : les entreprises qui les embauchent réclament en effet qu'elles s'acquittent d'une taxe de départ si elles décident de démissionner dans les trois années qui suivent leur embauche, afin de rembourser les cours de langue financés par l'entreprise.