- pour dénoncer le licenciement de collègues syndicalistes
- pour dénoncer la politique sociale du repreneur de l'entreprise de nettoyage
- parce que la direction remplace les grévistes par des intérimaires
Extrait de l'article
Vendredi 22 août 2014. Ils sont une trentaine de personnes à l’entrée du site de la gare de Schaerbeek. Ils portent une chasuble rouge, ils font grève et sont rassemblés pour protester contre le licenciement de deux délégués syndicaux. Saïd est l’un d’entre eux. Il a reçu son courrier de licenciement à son retour de vacances. Une lettre envoyée par un huissier de justice.
Cela fait 8 ans que Saïd travaille dans le nettoyage avec une quinzaine de collègues. Les trains SNCB, il les connait. Il les nettoie de l’intérieur et de l’extérieur. Les produits chimiques, il les connait aussi. Il n’est pas rare que ces ouvriers en soient recouverts de la tête au pied pour enlever les graffitis des trains. Ils travaillaient pour l’entreprise One Fleet services d’abord et depuis avril 2014 pour BM&S (Business maintenance & services). Saïd raconte : « Un jour, une dame s’est présentée sur le site en disant : ”Bonjour, je suis votre nouvelle responsable. J’ai investi beaucoup d’argent pour avoir ce chantier. Je ne veux pas en perdre. Si cela marche, je promets un bon contrat à tous les intérimaires”. »
Un train passe à toute vitesse. Son conducteur actionne le klaxon. En solidarité manifestement. Saïd poursuit : « Quand une entreprise reprend une autre société, elle doit reprendre aussi ses ouvriers. Mais, dès le départ, cela a été compliqué avec BM&S. Ils disaient ne pas être au courant que certains intérimaires travaillaient sur le site. » A plusieurs reprises, le syndicat a dû rappeler à la direction : « Vous devez respecter les délégués. » Quelques mois plus tard, les délégués étaient licenciés. Le motif de la direction laisse songeur : les ouvriers n’atteindraient pas les résultats fixés. La baisse de productivité serait la conséquence d’un chantage financier. On parle de « sabotage ».
Un prix raboté de 40%
La réalité, c’est que BM&S a gagné le marché de nettoyage des trains de la SNCB « en rabotant le prix de près de 40 % par rapport à ce qui était facturé par One Fleet Services », note les permanents syndicaux CGSP Cheminots, présents sur place en solidarité. Dans de telles conditions, BM&S espérait pouvoir faire appel à de la sous-traitance afin de compresser les coûts au maximum. La présence de la délégation syndicale la gêne dans ses plans. Stéphane Dupont, délégué CGSP Cheminots du site de Schaerbeek, explique : « On est face à une entreprise très opaque. Les gens du BM&S travaillent sur notre site, avec nous. Il y a un va-et-vient constant d’intérimaires et d’étudiants. Certains n’ont toujours pas reçu la formation obligatoire en sécurité après 3 jours de travail. » Filip Peers, secrétaire permanent à la CGSP Cheminots Bruxelles, insiste : « La SNCB doit arrêter avec la sous-traitance et engager son propre personnel. » Car cela va trop loin : « A la Gare centrale, le nettoyage était fait par des faux-indépendants roumains. Ils travaillaient 365 jours sur 365. « Suite à notre intervention, ils sont revenus en arrière. »
Retour au 19ème siècle
8h22, une responsable de la direction arrive sur les lieux, accompagnée d’un huissier de justice. Le dialogue demandé par les travailleurs coupe court. « Elle n’était pas venu discuter. Elle n’a même pas retiré ses écouteurs de ses oreilles », constate un gréviste. La veille, la direction était venue avec des intérimaires pour remplacer les grévistes. La police et un huissier les accompagnaient. Il a fallu l’intervention syndicale pour rappeler que le remplacement de travailleurs grévistes par des intérimaires est illégal. « On se croirait au 19ème siècle avec des briseurs de grève. »
Dominique Verfaille, permanente syndicale FGTB pour le secteur du nettoyage, assure que la grève continuera jusqu'à l'ouverture d'un dialogue social.