Au Kosovo aussi, le chômage de masse sert d'arme contre les travailleurs. Extrait du reportage d'Anita Kadriu et Besiana Xharra sur le Courrier des Balkans (
ici).
Congés de maternité non respectés, heures
supplémentaires non rémunérées, salaires non payés, licenciements
abusifs... Dur dur les conditions de travail au Kosovo, un pays où le
taux de chômage dépasse 40 %.
(...)
Au Kosovo, pays le plus pauvre d’Europe, même ceux qui travaillent le
font dans des conditions déplorables. Leurs droits, en théorie garantis
par la loi, sont constamment bafoués. Alors que partout dans le monde,
les travailleurs expriment leur mécontentement le 1er mai, ici, les
syndicats ont organisé une fête. Cette année, seuls les employés de la
Corporation énergétique du Kosovo (KEK) ont manifesté en signe de
protestation. « Si nos revendications ne sont pas entendues et que nous
ne recevons aucune réponse des institutions, alors nous ferons grève », a
prévenu le dirigeant du syndicat des travailleurs Izet Mustafa.
Chaque année, des travailleurs de la KEK trouvent la mort ou sont
blessés faute de mesures de protection suffisantes. Certains, devenus
handicapés, ont été remerciés sans autre forme de procès. Les familles
ont attaqué la KEK en justice, mais les dossiers s’empilent et rien ne
bouge. La situation n’est guère meilleure parmi les travailleurs du
consortium Bechtel-Enka chargé de la construction des autoroutes du
Kosovo. Douze heures de travail par jour payées 1,35 euros, un seul
repas par jour, un jour de congé par mois. Les soins médicaux ne sont
pas remboursés. Pire : des travailleurs ont été licenciés alors qu’ils
devaient se rendre chez le médecin. Ici encore, aucune sanction n’a été
prise par l’État contre cette entreprise.