6 mai 2014

Le chômage et l'emploi contre le salaire et la qualification

Au Kosovo aussi, le chômage de masse sert d'arme contre les travailleurs. Extrait du reportage d'Anita Kadriu et Besiana Xharra sur le Courrier des Balkans (ici).

Congés de maternité non respectés, heures supplémentaires non rémunérées, salaires non payés, licenciements abusifs... Dur dur les conditions de travail au Kosovo, un pays où le taux de chômage dépasse 40 %.
(...)

Au Kosovo, pays le plus pauvre d’Europe, même ceux qui travaillent le font dans des conditions déplorables. Leurs droits, en théorie garantis par la loi, sont constamment bafoués. Alors que partout dans le monde, les travailleurs expriment leur mécontentement le 1er mai, ici, les syndicats ont organisé une fête. Cette année, seuls les employés de la Corporation énergétique du Kosovo (KEK) ont manifesté en signe de protestation. « Si nos revendications ne sont pas entendues et que nous ne recevons aucune réponse des institutions, alors nous ferons grève », a prévenu le dirigeant du syndicat des travailleurs Izet Mustafa.

Chaque année, des travailleurs de la KEK trouvent la mort ou sont blessés faute de mesures de protection suffisantes. Certains, devenus handicapés, ont été remerciés sans autre forme de procès. Les familles ont attaqué la KEK en justice, mais les dossiers s’empilent et rien ne bouge. La situation n’est guère meilleure parmi les travailleurs du consortium Bechtel-Enka chargé de la construction des autoroutes du Kosovo. Douze heures de travail par jour payées 1,35 euros, un seul repas par jour, un jour de congé par mois. Les soins médicaux ne sont pas remboursés. Pire : des travailleurs ont été licenciés alors qu’ils devaient se rendre chez le médecin. Ici encore, aucune sanction n’a été prise par l’État contre cette entreprise.