19 avr. 2014

Des journalistes travaillent hors emploi


Marine Leduc dans un article de Café Babel (ici) nous emmène chez des journalistes roumains qui expérimentent une pratique alternative du journaliste. Cette pratique les met à l'abri de la logique de l'emploi et leur permet ... de s'épanouir dans un travail qualifié, exigeant et apprécié.

Extrait
A Bucarest, des jeunes journalistes déçus par les médias ont décidé de vivre ensemble dans une grande maison, transformée en salle de rédaction et lieu de vie festif.  Dans cette bâtisse hors du commun, ouverte au public, un laboratoire d’expérimentations journalistiques émerge et chamboule le paysage médiatique roumain.
(...)
Pour payer le loyer et subvenir à leurs besoins, les journalistes envoient des articles à d’autres magazines et font appel à des donations. Vlad ne compte pas obtenir le statut d’association pour Casa Jurnalistului : « je ne vois pas le but. Nous n’avons pas besoin de beaucoup d’argent ». Lorsqu’ils partent en reportage, ils dorment chez les gens, font du stop ou ramassent les auto-stoppeurs, et se débrouillent avec ce qu’ils ont : « cela a un avantage, car nous privilégions la proximité avec les gens. Ça correspond plus à notre style d’écriture, un peu gonzo », ajoute-t-il. Parfois, c’est par ce biais qu’ils dénichent ce que les autres médias ne trouveront pas : lors du scandale sur la viande de cheval, Radu et d’autres reporters réalisaient un reportage sur l’abattoir Doly Com. L’homme qu’ils prennent en stop se révèle être un ancien gardien de sécurité dudit abattoir. Il leur confie des informations sur les abattoirs clandestins et leur montre même où se trouvait l’un d’entre eux.
Vlad ne se voit pas travailler d’une autre façon : « contrairement à mon ancien job, je peux me permettre de prendre le temps, de comprendre ce qui se passe. À la fin, l’article est exactement comme je le voulais, du texte aux photos ».