30 avr. 2014

Avant le massacre

Avant que le Soudan du Sud ne sombre dans la famine et la guerre civile - les paysans chassés par la guerre n'ont plus tellement de temps pour semer les récoltes à venir - nous vous partageons un article de SlateAfrique (disponible ici, en français) qui, trois mois après, cadre toujours bien la situation dans le pays à l'ambiance pré-génocidaire.

  • Résumé

Le conflit s'est ethnicisé mais, au départ, il s'agit d'un conflit politique pour maîtriser les impressionnantes ressources pétrolières du pays. Le conflit oppose le président du pays, Salva Kiir, allié au Soudan et son ancien vice-premier ministre, Riek Machar allié à l'Ouganda.

  • Extrait

Avec la reprise de la ville de Bor, par l’armée du président Salva Kiir, samedi 18 janvier 2014, l’opposition du Soudan du Sud, rassemblée derrière l’ancien vice-président, Riek Machar, semble dans une bien mauvaise passe. Acculés à Malakal, capitale de l’Etat pétrolier du Jonglei, les rebelles ploient sous les coups des troupes loyalistes et de ses alliés ougandais. Mais la suprématie des forces gouvernementales est encore loin d’avoir enrayé le cycle de violence qui sévit dans le pays depuis la mi-décembre 2013.
  • Résumé (suite)

Le conflit entre les deux hommes a éclaté suite à une réunion du parti au pouvoir dont ils font partie tous les deux, le Conseil National de Libération. Les hommes s'opposent sur la gestion de la manne pétrolière, ressource pour ainsi dire unique de l'État le plus jeune du monde.

  • Extrait

Depuis juillet, et la «mise à la retraite autoritaire des officiers supérieurs qui n’approuvaient pas [la politique présidentielle] de plus en plus conciliante envers Khartoum», le torchon brûlait entre Salva Kiir et Riek Machar, qui se disputaient sur la gestion de la manne pétrolière.
«Afin de permettre le libre passage du pétrole brut du Sud vers le Nord par l’oléoduc contrôlé par Khartoum, le président Salva Kiir avait accepté de payer 7,50 euros le baril en droits de transit. Et il avait ensuite fini par accepter de payer de plus en plus, jusqu’à 21,70 euros le baril, alors que le tarif mondial est inférieur à 1,45 euros. […] désireux d’assurer sa réélection en 2015, il avait décidé de jouer la carte de Khartoum en obtenant le redémarrage du flux pétrolier afin de disposer de fonds suffisants pour assurer sa victoire électorale.» [Selon Gérard Prunier dont Slate cite une tribune publiée dans le Monde ici]
  • Mise en perspective

La guerre est toujours une guerre pour les ressources et les victimes en sont toujours les populations civiles qui se consacrent à l'agriculture vivrière. Ces populations sont les dernières à bénéficier de l'argent que rapporte le pétrole.