7 janv. 2014

À Fukushima, on embauche des sans abris

Je cite in extenso l'article du Monde (ici - c'est le quotidien employiste qui le dit, pas moi).

L'aiguillon de la nécessité poussé à son paroxysme criminel: comme tu es pauvre, tu dois vendre ta force de travail (pour une bouchée de pain) et en mourir. Par rapport à l'esclavage, il s'agit d'un recul puisque le maître devait prendre soin de ses biens humains.

Citation in extenso sans commentaires:


A Fukushima, on manque de main-d’œuvre pour nettoyer les dégâts du tsunami ; les recruteurs se tournent vers les sans-abri pour prêter main-forte.
Au Japon, après les seniors, ce sont les sans-abri qui se portent volontaires pour prêter main-forte aux équipes de nettoyage aux alentours du site de Fukushima, centrale détruite il y a près de trois ans par un tremblement de terre suivi d'un tsunami géant dans la région. Une enquête de l'agence de presse Thomson Reuters, publiée la semaine dernière sur le site du Global Post, lève ainsi le voile sur le travail quotidien de Seiji Sasa, un recruteur chargé de palier le manque de main-d’œuvre dont souffre le projet de nettoyage radioactif le plus ambitieux jamais envisagé.
Seiji Sasa est un recruteur hors du commun, puisqu'il a pour mission d'arpenter les gares et les rues de la ville de Sendai, à 80 kilomètres au nord de Fukushima, à la recherche de sans-abri, potentiels futurs acteurs du nettoyage, qui s'annonce déjà cinq fois plus cher que prévu et pourrait coûter jusqu'à 35 milliards d'euros (44 milliards d'euros en y ajoutant les efforts de décontamination).

Opportunité rêvée pour les Yakuzas
A coups de 100 euros par volontaire dégoté, de nombreux recruteurs se sont, eux aussi, tournés vers cette frange de la population, davantage enclins à accepter un travail à la fois sinistre, potentiellement dangereux et rémunéré au salaire minimum fixé à 4,78 euros (6,50 dollars) de l'heure. Mais, selon Reuters, les travailleurs sur le site de Fukushima seraient souvent payés en deçà de ce salaire minimum, à tout juste 4,41 euros (6 euros) de l'heure.
Le réseau de multiples sous-traitants comme Seiji Sasa, travaillant pour l'une des vingt entreprises officiellement chargées du projet de nettoyage financé par le gouvernement, a permis aux gangsters japonais de s'infiltrer dans les opérations. En octobre, on apprenait ainsi que les trois organisations criminelles les plus importantes du pays, Yamaguchi-gumi, Sumiyoshi-kai et Inagawa-kai, se remplissaient les poches en envoyant de façon illégale des travailleurs sous-payés.