29 nov. 2013

Rotation permanente des carcasses et des travailleurs en Bretagne

Le Monde Diplomatique met en ligne un article de novembre 2011 sur les conditions d'exploitation des producteurs dans les abattoirs français. Édifiant. Extrait.
Selon la direction de la Cooperl Arc Atlantique, il est même devenu difficile de recruter ; d’où le renfort permanent d’intérimaires en pagaille. Parmi eux, depuis 2007-2008, de plus en plus de Roumains, Polonais, Slovaques, Tchèques, qui prennent le relais des Africains arrivés il y a vingt ans. « Nous travaillons déjà avec quinze sociétés d’intérim françaises, et cela ne suffit pas, confirme le directeur de la coopérative, M. Emmanuel Commault. Nous souffrons aussi de la mauvaise image du travail dans les abattoirs. Et donc, oui, nous faisons parfois appel à des étrangers. »

Délocalisation sur place

Car si les abattoirs embauchent à tour de bras, la rotation des salariés est très élevée. « C’est un travail pénible, et qui génère pas mal de maladies professionnelles », explique M. Jean-Bernard Le Gaillard, inspecteur du travail dans les Côtes-d’Armor. A la section départementale de la Confédération générale du travail (CGT), le langage est plus cru : « Des entreprises comme la Cooperl ou Kermené, ça mange les hommes !, estime M. Noël Carré, vingt et un ans de Cooperl. Si, en 2008, on était en sous-effectif, c’est aussi parce qu’on avait des gens qui n’étaient plus capables de travailler en atelier. » Son collègue François Lefort, lui aussi délégué CGT à la Cooperl Lamballe, fait le même constat : « Ce sont des métiers très durs et de moins en moins bien payés, par rapport à l’évolution des prix. Moi, ça fait neuf ans que je suis dans ce secteur, et quand j’ai commencé, on gagnait certainement mieux notre vie. » Le plus souvent cantonnés aux travaux les plus difficiles — abattage, découpe et parage (opération qui consiste à préparer et dégraisser la viande) —, les ouvriers venus de l’Est font désormais partie du paysage.

 Plutôt que d'améliorer les conditions de travail, de le rendre moins pénible, plutôt que d'augmenter la main-d’œuvre pour soulager la charge de travail par employé, les propriétaires lucratifs usent leurs employés jusqu'à la corde avant d'en utiliser d'autres - disponibles du fait du chômage de masse entretenu par des politiques d'austérité, par des politiques obnubilée par l'inflation, par le NAIRU. Évidemment, comme toutes les entreprises dans le secteur utilisent les mêmes pratiques, les gains de productivité sont finalement très faibles, ce qui rend ces pratiques inhumaines inefficaces en termes économiques.