C'est la dernière mode, fiscaliser la pauvreté, transformer les
salaires socialisés financés par les cotisations sociales en aumônes
étatiques financées par l'impôt.
En Belgique, on
envoie, par exemple, les chômeurs vers le CPAS. De ce fait, le chômage
dont les entreprises sont responsables ne leur coûte plus rien (même si,
par le jeu de la concurrence, leurs gains disparaissent finalement)
puisque le CPAS est financé par l'impôt particulièrement injuste en
Belgique.
Ce
mouvement est beaucoup plus avancé aux USA puisque ce sont les employés
pauvres, les personnes pauvres qui travaillent avec un contrat
d'emploi, qui coûtent aux contribuables
faute de salaire suffisant. Coupons alimentaires, assurance santé ou
aides sociales diverses permettent du coup aux employeurs de baisser les
salaires sous le minimum vital.
Nous nous battons,
bien sûr, pour les salaires - pas pour les aumônes fiscales plus ou
moins généreuses; nous nous battons pour libérer la production et les
producteurs, pas pour les maintenir ad vitam sous le joug ignoble de
l'emploi et du chômage, de la précarité et de la misère.
Accessoirement,
mais vraiment accessoirement, le salaire permettrait de relancer la
demande et, éventuellement de l'orienter politiquement, ce qui
constituerait une sortie honorable de l'atonie économique, de l'absence
de perspective que nous subissons, sans espoir, sans prise sur notre
destin.