4 mars 2014

Silicose dans le Henan

Un article de Monde (ici) nous raconte le développement massif de la maladie de sinistre mémoire en Europe. Ils intentent un procès sans grand espoir puisque les indemnisations sont rarement octroyés dans l'irresponsabilité du bal des rachats des propriétaires.

Il faut espérer l'abandon du mode de production tourné vers la plus-value pour avoir quelque chance de développer des conditions de travail dans les mines et il faut espérer une démocratie économique pour espérer pouvoir débattre de la pertinence de ce type de production.

Extrait
C'était le milieu des années 1990, la Chine des réformes. Liu Changxia et les autres hommes du village de Qinggou sentent qu'il est « temps de sortir de chez soi ». La ferme ne rapporte rien, il y a des familles à soutenir, des enfants à élever. Tout le pays parle de développement économique. Dans la province rurale du Henan (centre-est), riche en charbon, les hommes en âge de travailler n'ont guère le choix. Les options sont limitées pour la main-d'œuvre peu qualifiée. Il leur faut descendre à la mine. Ils le paieront de leurs poumons.

Dix-neuf anciens mineurs sont aujourd'hui atteints de silicose dans ce seul village – une affection pulmonaire qui évoque en Europe le temps de la révolution industrielle mais qui, dans la Chine du XXIe siècle, est la première maladie du travail, avec 10 592 cas détectés pour la seule année 2012.
Autant que le mal des « poumons noirs », c'est la lourdeur des procédures juridiques pour obtenir une indemnisation qui afflige les familles de Qinggou. Ils étaient au départ vingt et un anciens ouvriers à engager le combat devant la cour de justice locale contre la mine. Mais deux sont déjà morts, au début de l'année 2013, sans être venus à bout de cette bataille juridique ni avoir obtenu les fonds nécessaires pour se soigner.